samedi 15 décembre 2012

Restructuration des forces armées en Lorraine : 7.263 personnels de moins

Région historiquement très militarisée, la Lorraine a payé un lourd tribut à la restructuration des forces armées décidées dans le cadre du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité rédigée en 2008. Fin 2014, elle aura perdu 7.263 postes civils et militaires, soit près du tiers de ses effectifs.
Les opérations de restructurations sont vécues douloureusement. Aujourd’hui, l’essentiel des départs et des évolutions dans les régiments a été mené. Le dernier gros morceau est la dissolution du 8 e RA de Commercy, annoncée pour début juillet 2013. Malgré les mouvements d’humeur et tentatives désespérées des élus du secteur à faire repousser la décision selon l’engagement écrit de Nicolas Sarkozy d’attendre la compensation en terme d’emplois.
Bon élève, la Défense qui veut que l’on sache qu’elle a toujours été et qu’elle reste un acteur majeur de la région Lorraine, s’est mis en ordre de marche et a taillé dans ses effectifs : mis en place de cinq bases de défense (Verdun, Metz, Nancy, Phalsbourg, Epinal-Luxeuil) qui mutualisent le soutien (restauration, RH, finances) pour ne laisser aux régiments que les responsabilités opérationnelles (préparations militaires, art de la guerre, projection).
Résultat, il reste neuf régiments et une base aérienne. En terme humain, le nombre de personnels de la défense (soldats plus civils) sera passé en cinq ans de 24.195 à 16.932, hors gendarmerie. Malgré l’arrivée de régiments d’Allemagne et de centres de formation. Si les Vosges et la Meurthe-et-Moselle n’ont perdu que quelques dizaines d’hommes après des réorganisations de site, la Meuse va passer de 3.400 à 2.000 personnes (suppression 8eRA Commercy et réduction du 1er régiment de chasseurs Verdun-Thierville). La note est plus salée en Moselle avec moins 5.000 sur Metz-Thionville (base de Frescaty), et Dieuze.

Moins d’hommes mais des millions

Pas un secteur de la Région n’a été épargné. Par des négociations et coup de gueules politiques, certains s’en sortent mieux que d’autres. Cela s’est traduit par des hommes en moins mais des millions d’euros d’accompagnement. Parfois des transferts d’unité et rarement les deux.
Un homme est au cœur du dispositif. Eric Padieu est le délégué régional à l’accompagnement des restructurations. Son rôle est de donner un « Kleenex plaqué or » pour sécher les larmes des élus et ainsi rendre le traumatisme, le deuil, moins douloureux.
En poste à Metz depuis 2008, il suit avec attention et en collaboration avec les comités de pilotage locaux présidés par les préfets, les mesures d’accompagnements de la défense. « C’est le seul ministère à avoir un dispositif pour aider financièrement les territoires touchés par les restructurations », souligne le capitaine Alexandra Maïornikoff, officier communication.
Eric Padieu surveille la distribution en Lorraine de 71 M€ entre les collectivités. En aide à des contrats de projets structurels et économiques représentant des centaines de millions d’euros. À Metz, le centre Pompidou a notamment bénéficié des fonds de la Défense… Une clause rajoutée il y a peu, encourage la création d’emploi. « Nous avons réorienté vers l’aide directe aux entreprises. Nous avons vu que c’était efficace pour créer des emplois. L’idée est d’accompagner des PME par des contrats de trois ans marqués par des embauches en CDI maintenu pendant au moins trois ans. Il y a aussi un dispositif géré au niveau national pour des grosses entreprises. En Lorraine, c’est une enveloppe de 6 M€ dont 1,8 M€ pour 180 emplois Safran à Commercy », explique Eric Padieu. En plus de pouvoir bénéficier des murs abandonnés par le 8 eRA, le groupe CMI, qui a un projet de centre de formation au maniement des tourelles de blindés qu’il fabrique, serait aidé dans ce cadre s’il venait à s’implanter à Commercy après avoir décroché un contrat à l’export.
D’autres mesures sont également mises en place comme la cession des emprises militaires à l’euro symbolique pour les collectivités mais aussi le recrutement de cabinets spécialisés comme Sofred et l’Afii pour rechercher des industriels en France et à l’étranger susceptibles de s’installer sur les sites. Commercy est ainsi concerné.
Reste à savoir si ces dispositifs sont temporaires ou voués à être reproduit. En effet, un nouveau livre blanc de la défense et de la sécurité est en préparation avec un risque de nouvelles restructurations qui n’épargneraient pas la Lorraine.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/12/12/7-263-personnels-de-moins

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