jeudi 1 novembre 2012

Mort du jeune Saint-Cyrien. Une enquête ouverte pour homicide involontaire

«La cause de la mort est connue: une noyade, sans aucune trace de violence ou d'intervention d'un tiers. Mais les nombreuses interrogations sur les conditions de sécurité de cet exercice nous conduisent à ouvrir une information judiciaire pour homicide involontaire», a justifié, hier soir, le procureur de Vannes, Thierry Phelippeau, qui a confié l'enquête à la section de recherches de la gendarmerie de Rennes, spécialisée dans les affaires militaires. «La procédure sera transmise dans les prochains jours au parquet de Rennes, seul compétent en la matière».
C'est un «mouvement de panique» qui serait à l'origine de la noyade survenue sur le site de Saint-Cyr Coëtquidan, l'école qui forme les futurs officiers de l'armée de Terre. Un premier groupe d'élèves peinait à s'extraire de l'étang lorsque celui de Jallal Hami, un sous-lieutenant âgé de 24 ans, originaire de la région parisienne, arrivait au bout de ses 50 mètres de traversée à la nage, en treillis et chaussures, vers minuit, dans la nuit de lundi à mardi. «Il y a eu un embouteillage et c'est à ce moment-là que l'accident se serait produit».
«Pas d'intention d'humilier»

Les recherches auraient été lancées immédiatement, alors que la victime manquait à l'appel. Des informations qui vont à l'encontre de la thèse de l'avocat de la famille, qui avançait, hier, un délai d'une heure. «Par ailleurs, la coupure de courant est postérieure à la
noyade et ne peut donc pas en être la cause». Le procureur écarte la thèse d'un bizutage qui aurait mal tourné:«Il n'y a pas, ici, d'intention d'humilier ou de soumettre les élèves à des actes dégradants. Mais il ne s'agissait pas non plus d'une activité organisée par l'école».

L'encadrement en question

L'exercice était encadré uniquement par une dizaine d'élèves de deuxième année, dans le cadre d'un «cursus de transmission des valeurs et des traditions» qui leur est délégué par l'école. Mais, pour le procureur, «les mesures de sécurité n'étaient pas à la hauteur du risque de l'exercice».

Exercice ou bizutage?

L'Adefdromil, une association de défense des droits des
militaires, a dénoncé, hier, ce qui relèverait «ni plus, ni moins d'un bizutage», appelé «bahutage» à Saint-Cyr. «Le franchissement de l'étang a eu lieu après une séance d'apprentissage de traditions saint-cyriennes: chants, vocabulaire,etc. À l'issue de cette séance, deux groupes de 25 élèves officiers ont été conduits au bord de l'étang sous la responsabilité des anciens de deuxième année et sans qu'on leur demande s'ils étaient volontaires». Georges Guéhenneux, président de l'Amicale des anciens du 3eRIMa, passé par Saint-Cyr, explique, lui, que «le bahutage se limite aux dortoirs, alors que l'exercice de nage en tenue de combat fait partie intégrante de l'instruction dans l'armée de Terre». Interrogé hier matin, le commandant Stéphane Simon, directeur de la communication des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, se bornait à dire que «le bizutage est interdit en France», et que «l'armée de Terre respecte la loi».

http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/mort-du-jeune-saint-cyrien-une-enquete-ouverte-pour-homicide-involontaire-01-11-2012-1892265.php

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