samedi 20 octobre 2012

Soldats sans soldes : leurs femmes montent au créneau

Les bugs à répétition d'un logiciel informatique de l'Armée de Terre empoisonnent la vie de milliers de familles depuis plus d'un an. Faute de soldes payées à temps et dans leur totalité, beaucoup se retrouvent dans des situations dramatiques. Les femmes de soldats montent au front…
Elles s'appellent Lisa, Anne, Delphine… Quant aux noms de ces femmes, ils ne seront ni dits, ni écrits, pour ne pas pénaliser «leurs hommes» tenus par le devoir de réserve de la Grande Muette, cette armée qui, dans ce cas précis, porte si bien son nom.
Depuis bientôt un an, depuis le lancement du système Louvois (logiciel unique à vocation interarmées de la solde), des milliers de familles de militaires de l'Armée de Terre se retrouvent dans la galère, certaines convoquées au tribunal pour loyers impayés et menaces d'expulsion, d'autres contraintes de se tourner vers des «épiceries solidaires» pour pouvoir manger. Depuis un an, Louvois paralyse leur vie et menace de les faire basculer dans la précarité. Ce logiciel qui gère le paiement des soldes de militaires est rempli de bugs informatiques.
Le 11 mars dernier, bien avant son élection, François Hollande s'en était ému : «Les militaires doivent avoir une considération. Nous n'accepterons plus que des problèmes de retard dans le versement des soldes, notamment des militaires en opération, mettent des familles en difficulté». De fait 60 % des dossiers en suspens sont ceux de militaires de l'Armée de Terre partis en opérations extérieures (Opex), les plus dangereuses, celles qui méritent tout le respect de la Nation.
Ulcéré par cette situation, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian est monté au créneau à plusieurs reprises dénonçant un «dispositif mis en œuvre» à la va-vite «et dont nous faisons les frais aujourd'hui». «Dans le privé ou dans le civil, ça ferait longtemps qu'il y aurait eu plein de monde dans la rue. Alors c'est moi qui suis dans la rue. Je les remplace !» a-t-il déclaré hier encore.
Un numéro vert a ainsi été mis en place le 1er octobre dernier, pour accueillir les doléances des 10 000 dossiers toujours en attente sur les 120 000 identifiés et résolus. La plupart sont ceux de petits gradés qui gagnent à peine plus que le Smic. Dans la région, des cas sont détectés partout, au 48e RT d'Agen, au 8e RPIMa de Castres, à Carcassonne au 3e RPIMa où l'officier en charge de la communication précise «que la solidarité entre les frères d'armes permet de venir en aide aux familles ou aux marsouins qui rencontrent des difficultés».
Beaucoup sont partis en opération extérieure pour arrondir les fins de mois. Mais les primes peinent à être réglées, le numéro vert explose et ses réponses, quand il y en a, ne sont pas» satisfaisantes». «Soit on ne peut pas les avoir» explique encore Lisa, «soit, quand on les a, le premier contact est toujours suivi du même mail : «pas assez d'éléments pour donner suite à votre dossier». Mais les femmes de soldats, montées au front comme un seul homme n'ont pas dit leur dernier mot. «Parce qu'un dû est un dû» expliquent-elles et que «cette injustice est indigne de la France».

http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/19/1469080-soldats-sans-soldes-leurs-femmes-montent-au-creneau.html

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