Seize auditeurs de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale ont visité le 3e Régiment de génie. Le groupe a passé presque 24 heures à Charleville-Mézières pour découvrir une bonne partie des activités du régiment carolo.
Les participants issus de la 65e session nationale de l'IHEDN étaient des élus (une sénatrice EELV…), des journalistes (Le Figaro), des chercheurs membres de différents think tanks (laboratoires d'idées), des personnels de la Défense Nationale, des gradés d'autres armes (marine, armée de l'air) et même des officiers supérieurs étrangers (en l'occurrence un colonel britannique et un colonel allemand) et des dirigeants d'entreprises (comme Emmanuel Leclerc de Hautecloque, petit-fils du maréchal Leclerc et responsable de l'équipement à la Carmat, une société spécialisée dans la bio-prothèse).
Cette 65e session qui vient de commencer le mois dernier va travailler jusqu'en juin sur le thème suivant : le continent africain entre enjeux de développement, défis de sécurité et intérêts français et européens. Une question qui devra évidemment tenir compte de l'expérience récente des différents printemps arabes.
Ce genre de visite au « 3 » reste relativement exceptionnelle et le régiment offre en général un programme copieux à ses visiteurs. Arrivés jeudi en fin d'après-midi, les auditeurs, accueillis par le chef de corps le colonel Brice Bertrand, ont d'abord eu droit à une démonstration de franchissement nocturne de la Meuse à l'école des ponts.
Arsenal high-tech des Nedex
Le lendemain matin, le groupe a pu s'entretenir avec des militaires revenus récemment d'Afghanistan et aussi se rendre compte des conditions de vie au sein du quartier Dumerbion, en visitant notamment des chambres généralement occupées par seulement deux personnes.
En milieu de matinée, le major Garnier, véritable mémoire du régiment, a ouvert le musée du 3e RG. Au passage, on apprend le rôle essentiel des pontonniers du génie dans la bataille de la Bérézina en 1812. On s'étonne du poids incroyable de l'armure de protection du sapeur vers 1850 : 55 kg !
On découvre ce que furent les « mouchoirs d'instruction » en 1914 avec des petits dessins sur des carrés de tissu permettant de rappeler, à tous ceux qui ne savaient pas lire, les gestes élémentaires de la vie militaire ; chacun « touchait » un lot de douze mouchoirs différents.
On est presque incrédule en entendant que Vauban, le père du génie militaire, fut aussi celui de l'élevage des porcs en batterie, etc.
7 kg "d'explo" sous le char
Bien que très intéressés par cette visite express, les auditeurs de l'IHEDN allaient passer ensuite davantage de temps sur les présentations des différentes munitions conventionnelles ou improvisées trouvées jusqu'à très récemment sur tous les théâtres d'opérations extérieures.
Les présentations également de tout l'arsenal high-tech des Nedex, les spécialistes de la neutralisation d'explosifs. Brouilleurs de fréquences, canons à eau d'une pression de 1.000 bars (10 fois un nettoyeur haute-pression classique !) pour disloquer un colis piégé, lance-burins pour casser une ogive, robot démineur sur chenillettes à cinq caméras coûtant 150.000 euros, etc.
Sachant que 250 g « d'explo » (pour reprendre le jargon abréviatif du génie) réussit à couper en deux un rail de chemin de fer, que pensez-vous des dégâts que peut faire une mine anti-char bourrée de 7 kg du même « explo » ?
L'Afghanistan a permis aux Nedex de découvrir que l'ingéniosité des « insurgés » n'avait guère de limite en matière d'engins explosifs « home made » (cocotte-minute, bidon d'engrais mélangé à du fuel, mosquée clock ou horloge portative piégée en forme de mosquée) et de systèmes de déclenchement à distance des plus rudimentaires aux plus modernes… par exemple, à partir d'un téléphone portable.
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/quand-le-3e-rg-livre-ses-secrets
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