Il y a toujours des moments où le temps s'arrête quand 300 hommes, impeccablement rangés sous les yeux d'un ministre, rendent hommage à l'un des leurs, mort au combat. Hier, un temps moche, gris et froid sur le plateau d'Albion, à Saint-Christol, a présidé à la cérémonie d'hommage militaire rendu au légionnaire de 1ère classe, Goran Franjkvovic. Et tandis que les tambours roulaient, leur son rebondissait sur le mur de la grande caserne du 2e Régiment étranger de génie (REG), comme autant de bruits de balles.
Un peu comme le dernier bruit qu'a entendu ce jeune Serbe de 25 ans, il y a cinq jours, dans une vallée étroite d'Afghanistan, à quelques kilomètres au nord de Tagab. Il avait rejoint en mars 2010 la Légion étrangère, à Castelnaudary, avait gagné rapidement la confiance de ses supérieurs, au point d'être nommé au bout de quelques mois, soldat de 1ère classe. Il n'était arrivé en Afghanistan que quelques jours plus tôt. Et sa "bravoure" saluée par le colonel Bonini puis par Gérard Longuet accompagné du général d'armée Bertrand Ract-madoux, chef d'état-major de l'armée de Terre, lui ont valu d'être caporal, à titre posthume et de recevoir les insignes de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur.
"A l'exemple de nos anciens"
Pour saluer le jeune légionnaire auquel, selon l'usage, son colonel comme le ministre se sont adressés, la quasi-totalité du 2e REG (130 d'entre eux sont au combat en Afghanistan), étaient présents. Avec eux, les anciens combattants, redressant instinctivement la position lors de la revue, des élus des villages alentours, et la famille serbe du soldat, ses parents, ses frères et soeurs et des proches, ramenés en France par l'Armée et qui ont assisté, vendredi, à une cérémonie aux Invalides.
"Tu as rejoint la cohorte de ces étrangers venus apporter leur jeunesse, à la défense de notre pays (..), ton parcours nous oblige à être dignes de l'homme et de sa fidélité" a dit le colonel, visiblement ému. D'autant plus ému qu'il y a presqu'un an, le 2e REG perdait déjà un homme, le capitaine Benoit Dupin, dans le cadre du même conflit. Il a aussi rendu hommage au sang-froid de ce jeune légionnaire, assurant sa famille d'un vrai soutien, après ce "more majorem", cet engagement "à l'exemple de nos anciens".
Trois heures de marche
Le ministre Gérard Longuet a lui, évoqué également la blessure d'un sergent-chef, le même jour (blessé au visage, il a été rapatrié), et les circonstances du drame : "Il s'agissait de l'ouverture d'un itinéraire pour un convoi de ravitaillement franco-afghan (..). Les hommes ont continué à pied, pour que le convoi puisse passer". La marche a duré trois heures, avant qu'une "balle rebelle" n'atteigne Goran Franjkovic. Et le ministre n'a pas hésité à comparer cet instant à Camerone en 1863 et à ces hommes qui se sont sacrifiés pour un convoi de ravitaillement, avant de parler du conflit et du rôle de la coalition de 47 nations en Afghanistan qui se bat "pour redonner un avenir à une population qui souffre depuis trente ans".
Et puis, il y a eu un long silence devant le cercueil recouvert du drapeau tricolore, suivi du képi et de la photo d'un jeune soldat souriant, qui reposera désormais en Serbie. Et prenant le bras de la mère du légionnaire, Gérard Longuet s'en est allé pour une cérémonie privée. Ne restaient plus que les tambours et l'écho qui renvoyait comme un bruit de balles sur les murs de la caserne
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/vaucluse-les-honneurs-au-legionnaire-de-25-ans-mort-au-combat
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