Deux jours avant que cinq soldats français ne perdent la vie dans un attentat suicide en Afghanistan, Kévin Ferrari était blessé suite à un tir de roquette.
VIVE émotion depuis quelques jours dans les rues de Donchery. Kévin Ferrari, bien connu dans la commune pour s'être notamment investi auprès des jeunes au sein de l'association des Francas de Donchery, est de retour pour poursuivre sa convalescence. Le jeune homme de 22 ans, a été blessé en zone de conflit afghane (lire le récit ci-dessous), l'avant-veille de l'attentat suicide commis dans la vallée de Tagab, dans la province de Kapisa (nord-est de Kaboul) qui a tué cinq soldats français (dont l'adjudant Emmanuel Técher, né à Sedan) et un civil afghan.
« Aujourd'hui ça va mieux, je fais de bonnes nuits. Mais sur le coup, c'était galère. Je faisais cauchemar sur cauchemar, à revivre la scène et pas forcément que cette scène-là. Après coup, on a des craintes qui reviennent. J'ai vu un psy qui m'a donné des gouttes pour dormir ».
Conscient de ce qui lui arrive, Kévin garde les idées claires, ce qui lui permet d'analyser son parcours et de nous en faire part.
Contrat de cinq ans
Titulaire d'un diplôme en électronique Kévin a peiné à trouver sa voie. Sportif accompli, il a alors décidé de s'engager dans l'armée. Lui qui a toujours vécu à Donchery - où il passe d'ailleurs toutes ses permissions - voulait « un truc qui bouge » et voir du pays. Un régiment de parachutistes était tout à fait ce qui pouvait lui convenir.
Les tests ont été une formalité et c'est donc le 1er septembre 2009 qu'il s'engage pour un contrat de cinq ans. Sa base sera le 1er régiment de Chasseurs parachutistes de Pamiers au sud de Toulouse. Un régiment qui a perdu trois de ses soldats dans le conflit Afghan. De septembre 2009 à février 2010, Kévin Ferrari effectue ses six mois de classes puis est intégré dans les compagnies de combat. Un mois après, il part pour une mission de courte durée au Gabon. Pendant trois mois, il s'entraîne, entre en contact avec la population locale, etc.
Mais tout, de l'entraînement au tir au maintien de la condition physique et des acquis, a un but : les opérations extérieures, comme celle programmée en Afghanistan, qui commence le 13 mai dernier pour Kévin. Les missions consistent à « sécuriser certaines zones pour ensuite rendre le pouvoir à l'armée afghane ». Comme beaucoup d'autres soldats français, Kévin et son régiment partent pour la vallée d'Alasay et donc plus particulièrement Tagab. Là, il effectue des patrouilles à pied, parce que les véhicules d'avant blindés ne peuvent pas passer partout. « On y allait pour faire ce pour quoi on est entraînés. C'est une finalité à l'entraînement que d'aller sur le terrain mais on est bien conscients du contexte. On sait que ça ne rigole pas ». Et le parachutiste, tireur de précision, d'ajouter : « On se faisait tirer dessus régulièrement, quasiment à chaque fois. Les accrochages sont réguliers. De toute façon, on ne les voit pas. Le mec peut être paysan et 10 minutes après déterrer une ''kalach'' ou un truc comme ça et nous tirer dessus. Ce sont de très mauvais tireurs, on a de la chance. Ils tirent, on entend le coup de feu, et on riposte. À force de répéter les mouvements, on sait ce qu'il faut faire et avec l'adrénaline, toute la préparation prend son sens ».
Reconversion
Bien que blessé et en convalescence, tout cela n'est pas derrière lui. « Je prends toujours des anti-douleurs. Psychologiquement, je fais encore des cauchemars mais c'est normal. Je sais que je vais réintégrer Pamiers, que je vais repartir. Ça peut être au Gabon, en Nouvelle-Calédonie… Ça peut par exemple ''repéter'' en Côte d'Ivoire. C'est le métier ». L'appréhension tout de même de repartir en Afghanistan est palpable et légitime. Mais avec l'annonce du retrait des troupes, il y a peu de chance que le 1er RCP de Pamiers y retourne.
Une chose est quasi certaine : une fois son contrat de cinq ans terminé, Kevin Ferrari ne devrait pas rempiler mais plutôt se reconvertir dans le monde de l'animation par exemple. Son expérience au sein des Francas, qu'il considère comme une deuxième famille, ne peut que jouer en sa faveur.http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/blesse-en-afghanistan-kevin-temoigne
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