mercredi 15 juin 2011

Libye : La France s'est engagée dans des opérations terrestres

Sans le dire, Nicolas Sarkozy a engagé les forces françaises dans des opérations terrestres contre les troupes du colonel Kadhafi. Car la vingtaine d'hélicoptères de combat et de manoeuvre français embarqués sur le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre sont bel et bien des forces terrestres, engagées dans des opérations qui ne sont pas, comme celles conduites par l'armée de l'air et la marine nationale, des opérations aériennes.
Dans un intéressant document datant de 2008 et disponible sur le site de l'armée de terre, le colonel Bertrand Bohineust, qui était alors le chef de corps des hélicoptères français engagés dans l'opération Licorne en Côte d'Ivoire, théorisait la conception tactique en vigueur, et qui n'a pas varié aujourd'hui. À ses yeux, "l'aérocombat est une dimension à part entière de la manoeuvre terrestre". Il s'agit d'une "action résolument terrestre". Les hélicoptères de l'aviation légère de l'armée de terre (Alat) française sont effectivement engagés depuis plusieurs jours, quasi quotidiennement, de façon parfaitement conforme à la doctrine. Laquelle décrit, toujours sous la plume de Bertrand Bohineust, la capacité d'une force d'hélicoptères à conduire une "manoeuvre propre qui permet de propulser une importante puissance de feu sur un objectif stratégique à longue distance, dans des délais très brefs et en toute discrétion, avec une extrême précision et sans dégâts collatéraux, tout en conservant une aptitude permanente à la réversibilité".
Voilà une bonne description de l'action du GAM (groupe aéromobile) français en Libye, qui a conduit 26 sorties contre les forces de Kadhafi pour la seule semaine du 2 au 9 juin, selon les chiffres fournis par l'EMA (état-major des armées). Toujours selon notre auteur, dont les écrits s'appliquent parfaitement à l'usage actuel de cette arme, celle-ci illustre "la capacité à combler un vide dans l'urgence, concourant directement par là à l'action de la mission principale de la force".
Une évidence
Seuls les politiques prétendent que l'Otan n'est pas engagée dans des opérations terrestres. Pour les militaires, c'est une évidence qui ne se discute pas. Pour cet officier-pilote, "l'hélicoptère est un outil de combat terrestre qui s'affranchit du sol. Si les chars pouvaient voler, ils feraient comme nous !" Rien là que de très simple à comprendre. Le combat terrestre de contact se compose de trois pions : le combat "débarqué" de l'infanterie, le combat "embarqué" des chars et l'aérocombat des hélicoptères.
Les communicants gouvernementaux peuvent bien prétendre que la résolution 1973 est respectée, puisqu'elle ne prévoit pas l'emploi de troupes au sol. Il est vrai qu'en faisant un peu de sémantique, on peut accepter que des "troupes au sol" ne soient pas des "forces terrestres", comme le sont les hélicoptères. "Il ne faut pas confondre le milieu et le métier, souligne un autre officier. Notre métier, c'est le combat terrestre en utilisant l'espace proche du sol. Tous nos savoir-faire sont ceux de l'armée de terre. Sans être scotchés au sol..." http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/jean-guisnel/libye-la-france-s-est-engagee-dans-des-operations-terrestres-14-06-2011-1341835_53.php
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