mercredi 8 juin 2011

L'armée de terre crée une force opérationnelle de 800 réservistes

L'armée de terre achève actuellement la finalisation d'une nouvelle structure de 800 réservistes appartenant à la réserve opérationnelle. Cette capacité d'intervention d'un type nouveau est prévue pour fonctionner sur tout le territoire national, avec une disponibilité permanente assurée par des réservistes sous astreinte. Elle entend ainsi faire face à une crise survenant sur le territoire national, dans le cadre de ses missions de sécurité générale ou de sécurité civile.

Ce dispositif ROTN (réserve opérationnelle sur le territoire national) est en cours au sein de onze brigades (1re brigade logistique, 1re et 3e brigades mécanisées, 2e et 7e brigades blindées, 6e brigade légère blindée, 7e brigade blindée, 9e brigade légère blindée de marine, 11e brigade parachutiste, 27e brigade d'infanterie de montagne, brigade de renseignement, brigade de transmissions et d'appui au commandement). La mise en place doit être terminée au 30 juin, la "prise d'alerte" commençant le 1er juillet.

Alors que les effectifs professionnels de l'armée de terre sont quelque peu tendus par les contraintes opérationnelles, notamment les entraînements, Vigipirate et les opérations extérieures, l'armée de terre sait que le gouvernement fera de nouveau appel à ses ressources humaines et logistiques pour faire face à des crises imprévues, qu'ils s'agisse de catastrophes climatiques ou de toute autre perturbation. C'est ainsi que le président de la FNSEA, André Beulin, réclame actuellement que les transporteurs de chars soient mis à la disposition des agriculteurs pour véhiculer de la paille vers les régions touchées par la sécheresse.

Une initiative qui pose plusieurs problèmes

Le dispositif tel qu'il est actuellement prévu dans des documents internes à l'armée de terre, que Le Point.fr a pu consulter, prévoit pour chaque brigade la mise en place d'une "unité de marche" composée de réservistes exclusivement volontaires, logés, si possible, près de la caserne de regroupement. Les premières troupes doivent pouvoir quitter les enceintes militaires 48 heures après l'alerte pour se rendre sur le lieu de leur mission avec tout leur équipement (véhicules, armement, optique, transmissions, outillage). Précision utile : les unités mettant sur pied ces équipes de réservistes ne recevront aucun budget particulier. D'ailleurs, les exercices d'entraînement de ces réservistes n'auront lieu "que durant les fins de semaine, afin de ne pas indisposer les employeurs civils par de fausses alertes". Précision supplémentaire : "En cas de déclenchement d'une alerte réelle, les prévisions budgétaires annuelles devront impérativement être revues afin de faire face à la consommation inopinée." Notre avis : ce n'est pas gagné !

Cette initiative pose plusieurs problèmes. En premier lieu, l'armée de terre est-elle la seule structure française capable d'assumer cette mission permanente ? Des pompiers, des unités de la sécurité civile, voire des entreprises spécialisées civiles faisant intervenir ponctuellement des demandeurs d'emploi ne seraient-ils pas à même de l'organiser et de la conduire ? Comme nous l'a précisé un officier : "Les réservistes sont des volontaires et signent pour un emploi militaire, pas pour déblayer des routes ou apporter du foin." D'autre part, les armées en général et l'armée de terre en particulier ont du mal à recruter des réservistes opérationnels qui acceptent des contraintes assez lourdes. Cette sujétion supplémentaire amènera-t-elle un afflux de volontaires ou épuisera-t-elle la ressource ? http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/jean-guisnel/l-armee-de-terre-cree-une-force-operationnelle-de-800-reservistes-07-06-2011-1339132_53.php

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