A l'occasion de la célébration, mercredi, aux arènes de Nîmes, du vingtième anniversaire de l'opération « Daguet » (lancée en 1991 par la France lors la première guerre du Golfe), France-Soir a rencontré le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Jean-Paul Palomeros, et fait le point avec lui sur l'intervention en Libye
FRANCE-SOIR Qu'est-ce qui différencie l'opération « Daguet », lancée contre l'Irak en 1991, de celle entreprise actuellement en Libye ?
GÉNÉRAL JEAN-PAUL PALOMEROS La première différence, c'est que nous menons une opération extérieure depuis le territoire national. De plus, au Koweït, il y avait un front, c'était un champ de bataille des plus classiques. Ici, les lignes bougent tous les jours et l'adversaire essaie de déjouer nos moyens (en se fondant dans les villes, parmi les civils, NDLR). Cependant, l'arme aérienne est tout aussi décisive qu'il y a vingt ans. Nous sommes aujourd'hui encore plus précis dans notre ciblage.
F.-S. Les objectifs, eux aussi, ne sont pas les mêmes.
J.-P. P. Nous étions engagés au Koweït pour libérer ce pays d'une invasion étrangère (irakienne). Là, notre mission est de protéger les populations civiles et d'essayer de promouvoir une nouvelle gouvernance en Libye. Mais nous sommes en quelque sorte les enfants de « Daguet ». Le Rafale et le Mirage 2000 D, engagés dans « Harmattan » (nom de l'opération en cours), ont été repensés en fonction des enseignements tirés de la première guerre du Golfe.
F.-S. Les frappes aériennes peuvent-elles, à elles seules, permettre un changement de régime ?
J.-P. P. L'opposition se montre courageuse, mais elle n'est pas militairement structurée. C'est le fond du problème. On doit donner un niveau de sécurité tel que ce peuple soit en mesure de préparer son avenir. Mais tant qu'ils ne seront pas mieux structurés, ce sera difficile.
F.-S. On parle de plus en plus de risque d'enlisement...
J.-P. P. Moi, mon métier, c'est que nous puissions durer et que les opérations puissent se dérouler le temps nécessaire. Pour l'instant, cet objectif est atteint. Quand nous sommes arrivés en Bosnie (en 1995), on disait que ce serait une affaire de deux ou trois jours. On se rappelle que cela a pris un peu plus de temps. En Bosnie, puis au Kosovo (1999), la force aérienne a permis de faire basculer le rapport de force et contraint les Serbes à s'asseoir à la table des négociations et à reculer. Mais il faut rester prudent. Nous vivons un scénario politico-militaire qui n'a pas de précédent.
F.-S. Que signifie le désengagement des avions américains au profit de ceux de l'Otan ?
J.-P. P. Le désengagement américain est relatif. Ils ont laissé tous les moyens de renseignements et de soutien à notre disposition. Et puis, en cas de nécessité, ils sont là.
http://www.francesoir.fr/actualite/international/libye-un-scenario-politico-militaire-sans-precedent-89736.html
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