Les soldats français de la force Licorne ont été la cible de tirs au cours d'une tentative d'évacuation du personnel d'une ambassade à Abidjan dans la nuit de vendredi à samedi et ont riposté en détruisant un blindé des forces pro-Gbagbo, a indiqué l'état-major des armées à Paris.
L'opération d'évacuation avait été lancée samedi vers 03H00 (GMT et locales) "à la demande du gouvernement d'un pays allié" dont le nom n'a pas été précisé pour des raisons de sécurité. Le chef de la mission diplomatique a ensuite estimé que "les conditions de sécurité n'étaient pas suffisantes" et a décidé de l'annuler, a précisé à l'AFP le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard.
Au cours de cette opération, les soldats français ont été la cible de tirs et les hélicoptères de Licorne ont détruit un véhicule blindé des forces favorables au président sortant Laurent Gbagbo dans la zone des résidences diplomatiques, a-t-il précisé. Deux hélicoptères ont également été atteints par des tirs, sans gravité.
Des responsables de l'ONU avaient indiqué vendredi que les troupes de l'Onuci, la mission des Nations unies, et la force Licorne avaient évacué dans la journée des diplomates indiens, sud-coréens, sud-africains et israéliens cloîtrés dans leur ambassade à Abidjan en raison du conflit en Côte d'Ivoire.
Le porte-parole a par ailleurs confirmé que la résidence de l'ambassadeur de France à Abidjan a été vendredi vers 16H00 la cible de deux tirs de mortier et d'un tir de roquette venant de positions tenues par les partisans de Laurent Gbagbo. Il a en revanche souligné qu'il n'y avait pas eu en riposte d'attaques des hélicoptères de Licorne contre la résidence du président ivoirien sortant.
Laurent Gbagbo, qui refuse de céder le pouvoir, se trouvait toujours vendredi soir dans sa résidence défendue par un dernier carré de fidèles.
Samedi matin, le calme régnait à Abidjan, notamment dans les quartiers de Cocody, autour de la résidence présidentielle, et du Plateau, siège du palais présidentiel, ont indiqué des habitants.
"La matinée est calme", a indiqué à l'AFP un résident de Cocody en ajoutant cependant: "les combats reprendront peut-être cet après-midi" dans ce quartier du nord de la capitale économique ivoirienne où se trouvent la résidence présidentielle où est retranché Laurent Gbagbo, le siège de la télévision ivoirienne (RTI) et l'école de gendarmerie.
Selon un habitant du quartier du Plateau, dans le centre d'Abidjan où se trouve le siège du palais présidentiel tenu également par les troupes fidèles à Laurent Gbagbo, "il n'y a pas eu de tirs ce matin. On voit les gens sortir des immeubles pour aller vers Marcory", un quartier du sud de la ville plus sécurisé. "Ils étaient coincés, ils cherchent maintenant à quitter le Plateau après avoir attendu que la situation se calme dans la durée".
Si une accalmie dans les combats a été constatée vendredi dans ce quartier, cet habitant a dit avoir vu "hier (vendredi) des éléments de la garde républicaine et un unité d'élite du président sortant" dans les rues du Plateau.
De violents combats ont eu lieu durant toute la semaine dans ce quartier, contraignant les habitants à se terrer chez eux.
Vendredi, en milieu d'après-midi et en début de soirée, des combats à la mitrailleuse lourde et à l'arme légère ont fait rage dans le périmètre qui englobe la résidence de M. Gbagbo, la RTI et l'école de gendarmerie, avaient rapporté un journaliste de l'AFP et un habitant.
Laurent Gbagbo, toujours retranché dans sa résidence d'Abidjan défendue par des centaines d'hommes, n'a pas cédé un pouce de terrain vendredi, tandis que l'ONU qualifiait de "terrifiantes" les informations sur la situation dans l'ouest du pays marquée par des massacres.
L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a accusé samedi les forces pro-Ouattara et les forces pro-Gbagbo d'avoir commis des massacres dans l'Ouest ivoirien, affirmant détenir de nouvelles preuves de ces atrocités déjà dénoncées par l'ONU et des ONG.
Les forces loyales à Alassane Ouattara, président ivoirien internationalement reconnu, ont tué ou violé des centaines de personnes et brûlé des villages, fin mars, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, a affirmé HRW dans un rapport publié à New York.
L'ONG affirme aussi avoir des preuves d'atrocités commises par les forces de Laurent Gbagbo, le président ivoirien sortant, dont un massacre commis à Blolequin le 28 mars de plus de cent hommes, femmes et enfants originaires du nord de la Côte d'Ivoire et de pays voisins. Le 29, dix autres de même origine ont été tués à Guiglo et huit Togolais dans un village près de Blolequin, ajoute HRW.
Après avoir interviewé plus de 120 témoins de massacres et de proches de victimes à la frontière entre la Côte d'Ivoire et le Liberia, ainsi qu'une vingtaine de personnes dans les villes de Guiglo, Duékoué et Blolequin contactées par téléphone, HRW affirme détenir de nouvelles preuves d'exécutions arbitraires de partisans de Laurent Gbagbo lorsque les forces d'Alassane Ouattara se sont emparées des fiefs du président sortant dans l'Ouest.
Selon HRW, des centaines de personnes ont été tuées à Duékoué lors de la prise de la ville le 29 mars.
http://www.20minutes.fr/article/703661/monde-cote-ivoire-blinde-forces-pro-gbagbo-detruit-forces-francaises
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire