Dimanche, une douzaine de Rafale et de Super Etendards ont ainsi été catapultés depuis le pont du navire amiral français, pour mener à bien des missions de reconnaissance ou de bombardement d’objectifs des forces loyalistes libyennes.
Pour comprendre ce qu’est le pont d’envol du Charles-de-Gaulle au cœur d’une opération de guerre telle qu’ « Harmattan », il faut imaginer une piste d’aviation progressant à une quinzaine de nœuds sur la mer. Une piste soumise à un vacarme permanent : rugissements des réacteurs des avions de chasse (10 Rafale et 6 Super Etendards sont embarqués), grondements des rotors d’hélicoptères, mugissement des moteurs des avions radar Hawkeye, utilisés pour le contrôle et la coordination aérienne. Sans parler des divers engins utilisés par les techniciens pour travailler sur le pont, armer les avions. Ou même de l’ascenseur à aéronefs qui, avant de commencer à monter ou descendre, émet lui aussi une série de beuglements assourdissants !
"On n’a pas le droit d’être mauvais"
Toute l’infrastructure du bâtiment est conçue et vouée à cette partie du bateau, à ce pont d’où les pilotes français s’envolent quasiment tous les jours pour assurer le respect de la zone d’exclusion aérienne et mener des attaques au sol. Surtout, l’ensemble des marins, soit environ 2000 personnes, tend vers cet objectif : permettre à l’OTAN et aux forces françaises de disposer d’une « plate-forme », d’un relais de toute première importance tactique à dix minutes de vol des côtes libyennes.Car ici, à bord du « Charles », tout le monde, du boulanger au Pacha (le commandant du bateau), du mécanicien au technicien d’armement, connait son rôle sur le bout des doigts. « Le porte-avions, c’est une école de perfection. Il ne s’agit pas de miracle permanent mais de justesse professionnelle. Ce qui fait la grandeur d’une affectation sur le « Charles », c’est qu’on n’a pas le droit d’être mauvais », explique un officier. Après quatre mois de mer dans l’Océan indien, notamment pour assurer le soutien de la coalition internationale en Afghanistan, les marins du porte-avions ont dû repartir dans l’urgence en Méditerranée pour contribuer à bloquer la contre-attaque des troupes de Kadhafi et éviter un bain de sang à Bengazhi. Le fait d’avoir pu appareiller en moins de trois jours est un motif de fierté pour les officiers du bâtiment, lassés des critiques que le « Charles » a dû affronter au tout début de sa carrière, notamment après avoir subi des avaries.
En 2,5 secondes, les avions sont propulsés à 250 km/h
Le Charles-de-Gaulle et son groupe aéronaval (constitué de plusieurs frégates de protection, d’un sous-marin et d’un pétrolier-ravitailleur) sont « parfaitement adaptés à leur mission et trouvent toute leur place dans l’opération en cours », estime le contre-amiral Philippe Coindreau, qui commande la Task Force 473.Il est maintenant 21 heures et il fait nuit noire. Sous le pont, des centaines de marins se reposent ou vaquent à leurs occupations habituelles. Sur le pont d’envol, deux Rafale s’apprêtent à être catapultés. Dans les ténèbres, des hommes, équipés de fanaux blancs et verts guident les pilotes sur le pont. En 2,5 secondes, les avions sont propulsés à 250 km/h. Un vent brûlant envahit la passerelle et les torches des réacteurs disparaissent au loin, avalés par le ciel noir du Golfe de Syrte. Ils seront de retour trois ou quatre heures plus tard. Sur le Charles-de-Gaulle, rien ne s’arrête jamais. Surtout en temps de guerre
http://www.ledauphine.com/actualite/2011/04/11/au-coeur-des-operations-sur-le-charles-de-gaulle
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