mercredi 23 mars 2011

Libye : l’opération Harmattan vue par ceux qui l’ont conduite

Pilote, mécanicien ou commandant de base aérienne, ils ont participé aux premières actions conduites par la France pour faire respecter la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Du déclenchement des opérations au survol de la Libye, en passant par la préparation des appareils, ils témoignent de leur mission.
« Une mission très longue qui a impliqué beaucoup de monde »
Le commandant R. est pilote de Rafale au sein de l’escadron de chasse 1/7 Provence de la base aérienne 113 de Saint-Dizier. Il a été engagé dans le ciel libyen le 19 mars, le jour même où l’opération Harmattan était lancée par le chef d’état-major des armées, sur ordre du Président de la République.
« Je suis revenu sur la base aérienne le 18 mars, je revenais tout juste d’un stage. Je savais seulement que la résolution 1973 des Nations Unies avait été votée mais je n’avais pas d’autres éléments. Tout est allé très vite. Le lendemain, je ne devais pas voler ; finalement, ma mission a été ajoutée au dernier moment.
Elle a duré sept heures. Une mission très longue qui a impliqué beaucoup de monde autour de moi. Des avions ravitailleurs, basés à Istres, nous ont permis de nous rendre sur la zone d’action et nous ont ramené en France. Pour nous guider : des avions radar E3-F AWACS, qui nous ont aidé à détecter les menaces sol/air et air/air. Les autres chasseurs, également, avec lesquels nous avons travaillé en synergie pour détecter et traiter les cibles.
Nous avons su faire preuve de beaucoup de réactivité : quatre heures après avoir reçu les objectifs, les avions étaient en vol. Le résultat d’un vrai travail d’équipe avec les organismes de préparation et de planification, les équipes de renseignement qui nous donnaient les informations et les mécaniciens qui ont préparé les avions.
En participant à cette opération, j’ai eu la satisfaction d’avoir accompli le travail pour lequel je m’entraîne depuis des années et de pouvoir mettre en application toutes les tactiques et tous les types d’opérations que l’on a étudiées ».
« Un seul objectif : réussir la mission»
Le sergent-chef M. est chef d’équipe armement à l’escadron de soutien technique aéronautique 15.007 Haute- Marne sur la base 113 de Saint-Dizier. Un mécanicien au cœur de l’opération.
« Jeudi 17 mars, en fin de matinée, les chefs d’unité ont rassemblé tous les mécaniciens et nous ont transmis les directives. Nous avons préparé les aéronefs et armé les premiers Rafale en configuration air-air, en configuration de reconnaissance avec le pod Reco-NG (système de reconnaissance de nouvelle génération) et en air-sol.

Nous avons fait au mieux pour agir le plus vite possible : pour préparer un avion, il faut compter huit heures. Afin d’être le plus efficace possible, nous avons œuvré de jour comme de nuit avec un seul objectif : réussir la mission. Toute l’année, on s’entraîne pour ce genre d’opération et aujourd'hui, les exercices répétés prennent tout leur sens.

Avant le départ des pilotes, on se rapproche d’eux : on leur présente l’armement, on répond à leurs questions… Il faut qu’ils aient confiance en leur matériel. A leur retour également, on revient vers eux pour prendre la température et vérifier le résultat : savoir si l’appareil qu’on leur a livré a été performant ».

« Cette manœuvre a impliqué un grand nombre de spécialités»

Le colonel Michel Friedling commande la base aérienne 113 de Saint-Dizier. Lors de l’opération Harmattan, il a mis à la disposition du chef d’état major des armées des moyens entraînés, en mesure de répondre aux exigences opérationnelles, dans des délais très brefs. « Entre les ordres que nous avons reçus et l’exécution des premières missions au-dessus du territoire libyen, il s’est passé moins de 24h. Soit, une véritable preuve de la réactivité du personnel.

La particularité de la base de Saint-Dizier réside dans le fait qu’elle met en œuvre le Rafale. Un avion polyvalent, capable de faire de la reconnaissance, des frappes air-sol et de la défense aérienne. Sur les deux premiers jours d’opération, nous avons été les premiers arrivés sur le théâtre avec entre six et dic avions déployés par jour dans le ciel libyen.

Cette manœuvre a impliqué un grand nombre de spécialités : logistique, soutien, technique…qui ont participé à la configuration des aéronefs. En fonction de leurs missions, il a fallu déployer différents types d’armement qu’on a ensuite installés sur les avions.

Et lorsque l’on participe à une telle opération, c’est une immense fierté. C’est avoir le sentiment de mettre à disposition du chef d’état-major des armées un outil performant servi par du personnel compétent et motivé. »

Sources : EMA
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