Engagés en premier, samedi, lors de l'opération Harmattan en Libye, deux pilotes de Rafale de la BA 113 de Saint-Dizier sont revenus hier sur leurs missions, l'un en reconnaissance, l'autre en tir sur cible préétablie.
VOILÀ une heure, ils se trouvaient encore en Corse, sur la base de Solenzara. Et samedi dernier, pendant 90 minutes, c'est le sol libyen que ces deux pilotes de Rafale de la BA 113 de Saint-Dizier survolaient. L'un en reconnaissance des cibles et des menaces, l'autre pour « empêcher les troupes de Kadhafi de bombarder les insurgés », comprendre «pour viser les forces militaires toujours fidèles au colonel à boucles brunes».
Hier après-midi, ce commandant et ce lieutenant-colonel de la base haut-marnaise (dont les identités ne sont pas communiquées), qui affichent respectivement plus de 1 500 et 2 000 heures de vol de chasse, ramenaient donc de Corse deux Rafale ayant participé aux opérations en Libye. À peine descendus du cockpit, les deux pilotes se sont prêtés au jeu de la communication sur leur journée de samedi.
«Là, on concrétise»
« Les missions, on s'entraîne à longueur d'année, là on concrétise », explique le commandant qui a effectué la première frappe du dispositif international, samedi, au cœur d'une mission de sept heures. Décollant de Saint-Dizier alors que le sommet international à Paris n'était pas terminé, ce pilote de l'escadron de chasse 1/7 Provence a mis en avant « la coordination. Que ce soit les Awacs, les ravitailleurs, les Mirage qui nous protègent, c'est un véritable travail d'équipe que l'armée française a mené ». De quoi faire ressentir du stress ? « Non, nous sommes tellement concentrés et les Rafale bénéficiant de tels systèmes de protection que cela passe au second degré. »
D'ailleurs, la Libye, même s'il a passé une heure et demie au-dessus « pour réaliser le travail », « on ne la perçoit pas, on ne voit que peu de chose. Et pas de chasse libyenne ». Quant aux menaces venant du sol, « nous avions des informations à ce sujet et, de plus, nous pouvons tirer de relativement loin ».
Justement que ressent-on au moment de faire feu ? « Vous ne ressentez pas grand-chose… On s'inquiète surtout que cela soit le bon endroit et après on pense à retrouver son avion ravitailleur. Enfin, on s'inquiète du retour… »
Il faut dire que ce n'était pas le baptême du feu pour ce commandant qui a « déjà tiré en opération en Afghanistan ». Et puis, avant ce « strike », le tir sur cible établie, dans le jargon, « nous avons bénéficié des reconnaissances ». Celle menée par le lieutenant-colonel avec qui il revenait hier après-midi de Corse. « Samedi, nous avons décollé à six appareils de Saint-Dizier, quatre se sont occupés de défendre la zone d'interdiction de vol, et, avec un autre Rafale, nous avons effectué une mission de reconnaissance », explique-t-il sereinement. En fait, les Rafale peuvent être équipés d'un système de prise de vues transmissibles en direct. « Là, nous avons relevé des renseignements importants qui indiquaient le type de menace et permettent d'établir les choix des objectifs pour les jours qui ont suivi ».
«Quelques avions dans le ciel»
Et la menace ne se cantonnait pas au sol. « Nous avons vu quelques avions libyens dans le ciel, étant prévenus par les Awacs (avions radar), mais rien qui ne nous mette en danger… » Après, pendant 1 h 30 sur zone, « le temps passe relativement vite, car nous sommes occupés tout au long de la mission ».
Et au retour ? « Oui, nous arrivons à dormir, nous sommes tellement fatigués », décrivait hier le commandant, auteur des premières frappes samedi. Car, au total, entre la préparation et le débriefing, ce sont près de 12 heures d'activité que les pilotes alignent. « Après on se détend, et on passe à la suite… » La suite, comme de survoler à nouveau la Méditerranée. Et pas seulement pour un aller-retour sur la base de Solenzara en Corse…
http://www.lunion.presse.fr/article/region/les-rafales-de-saint-dizier-de-retour-du-front
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