mardi 28 septembre 2010

Afghanistan: Uzbin est toujours une zone de combats pour les soldats français

"Contact! Contact! Contact!", lance d'une voix tendue par le stress du combat un soldat dans sa radio. Sur les hauteurs de la vallée d'Uzbin, dans l'est de l'Afghanistan, une unité héliportée est prise sous le feu nourri des talibans.


Les armes automatiques crépitent. Un coup sourd suivi d'un long sifflement puis d'un nouveau coup sourd signale l'impact d'une roquette tirée par les insurgés. La mitrailleuse d'un blindé français riposte par de longues rafales de balles traçantes qui strient de traits rouge vif le ciel nocturne.


Un peu plus tard, mortiers de 120 mm et canons Caesar - des pièces d'artillerie lourde - entrent en action à partir des bases françaises voisines. Les positions insurgées sont "vitrifiées", résume un officier français.


Deux ans après l'embuscade qui avait fait dix morts dans les rangs français, le 18 août 2008, les confins de la vallée d'Uzbin, tout près de Kaboul, sont encore tout sauf un chemin pavé de roses.


Quelque 150 soldats français et une cinquantaine de militaires afghans ont participé mardi à l'opération "Doigts collés II", clin d'oeil phonétique au nom du village visé par l'opération, Dwakholeh.


Dans cette vallée, une nébuleuse de talibans locaux et pakistanais, de jihadistes tchétchènes et arabes mènent la vie dure aux forces afghanes et de l'Otan, selon les forces internationales. C'est d'ici que sont régulièrement tirés des obus en direction du poste de combat avancé Rocco, un fortin tenu par les Français.


Le 12 août, alors que les hommes du 126e régiment d'infanterie de Brive venaient d'y prendre la relève pour six mois, une roquette incendiaire s'est abattue au beau milieu du camp, sans faire de blessé.


Les attaques ont culminé samedi, jour des élections législatives. Trois roquettes ont explosé à proximité du poste. Une patrouille américaine a été prise sous le feu d'une quarantaine de talibans non loin de là. Et quatre des cinq bureaux de vote de la vallée ont dû garder portes closes.


Lancée deux jours plus tard, l'opération vise précisément à reconnaître les "zones de départ des tirs". Les militaires partent avant la levée du jour pour ménager autant que possible leur effet de surprise. Progressant à pied et en blindés, à flancs de ravins et sur des pistes écrasées de soleil, ils fouillent quelques habitations, fermes isolées ou maisons traditionnelles, tandis que des appareils américains - hélicoptères Kiowa et chasseurs F-15 - ainsi qu'un drone français se relaient pour assurer la couverture aérienne de l'opération.


Observant impassible la fouille de la ferme familial, Abdul Dari, un adolescent de 18 ans vêtu d'une tunique et d'une coiffe traditionnelles estime que tout cela "n'apportera rien de bon".


"Quand vous partirez, les talibans viendront pour nous demander ce que vous vouliez", explique-t-il.


Au fil des fouilles, les militaires découvrent deux kilos et demi d'explosifs, quelques grenades et des bobines de fil de cuivre, celui que les insurgés utilisent pour déclencher à distance des mines artisanales sur le passage des convois militaires alliés. "Ce sont les enfants qui les ont ramassés dans la montagne", assurent les villageois.


C'est au moment du désengagement des troupes, lorsqu'elles sont le plus vulnérable, que les talibans choisissent de passer à l'action, un grand classique ici.


L'échange de tirs terminé, les éléments français postés sur les crêtes sont à leur tour désengagés par un hélicoptère au coeur de la nuit, après le tir d'obus fumigènes. Aucun blessé n'est à déplorer dans les rangs français mais la vallée d'Uzbin a une nouvelle fois fait parler les armes.
http://www.lepoint.fr/societe/afghanistan-uzbin-est-toujours-une-zone-de-combats-pour-les-soldats-francais-27-09-2010-1241624_23.php
hebergeur image

Aucun commentaire: