Malgré les progrès réalisés dans le matériel de détection d’explosifs, les chiens dressés à cette fonction s’avèrent nettement les plus efficaces. Ainsi, en Afghanistan, ces chiens de l’armée de terre et de l’armée de l’air sont de plus en plus utilisés pour détecter les engins explosifs improvisés.
Fin juillet, des chiens militaires ont aidé des policiers du RAID à découvrir des armes à la suite des graves incidents qui se sont déroulés à Grenoble.
Ces chiens militaires au flair hors pair sont utilisés par les unités de l’armée de l’air (Commandos parachutistes de l’air 20 et 30), de l’armée de terre (132ème Bataillon cynophile de l'armée de terre ) dans le cadre de missions intérieures (MISSINT) ou d’opérations extérieures (OPEX), dans des missions de fouille opérationnelle de recherche d’engins explosifs improvisés.
Témoignage :
« Nous sommes vingt-sept maitres chiens à avoir cette spécialité «explo» au 132ème BCAT » explique l’adjudant Jérôme Fraiche, chef de la section détection explosifs. « Nous intervenons non seulement en France afin d’assurer la sécurité sur certains événements comme le sommet de l’OTAN à Strasbourg en 2009, mais aussi en opération extérieure. Trois des nôtres sont ainsi en permanence en Afghanistan. A Kaboul, ils sont déployés au camp de Waherouse , où ils contrôlent tous les véhicules qui entrent dans le camp . Mais ils peuvent aussi apporter leur aide aux équipes opérationnelles de déminage (EOD) pour intervenir sur ce qui pourrait être des engins explosifs improvisés (ou IED – improvised explosive device).
Plus de la moitié des militaires tués en Afghanistan, le sont par des IED et les civils payent aussi un lourd tribut. Les chiens militaires sont de plus en plus sollicités pour prévenir ces explosions extrêmement meurtrières. « Leur flair a des capacités de détection avec lesquelles les nouvelles technologies ne rivalisent pas encore » commente l’adjudant Jérôme Fraiche.
Ils réagissent à un vaste panel de molécules pouvant entrer dans la composition d’engins explosifs. « Ces chiens militaires sont capables de détecter non seulement les explosifs conventionnels, mais aussi les engins artisanaux composés de produits très rustiques, qu’utilisent de plus en plus les insurgés ». Ces bombes artisanales requièrent en effet très peu de technologie. Elles peuvent être dénuées de parties métalliques ou d'explosifs traditionnels, ce qui les rend alors quasi-indétectables par le matériel de déminage habituel. Bon marché, elles sont faciles à fabriquer. Elles sont souvent composées d'un mélange d’éléments que les rebelles peuvent se procurer facilement, comme le nitrate d'ammonium ou une poudre d'aluminium. Ces bombes peuvent être déclenchées à distance par un détonateur, auquel elles sont reliées par plusieurs dizaines de mètres de fils électriques.
« Un flair hors pair
« La probabilité qu’un chien les découvre est très élevée : mieux que certaines machines surtout quand ces dernières ne «bipent » que lorsque les IED comportent des éléments métalliques », explique l’adjudant Fraiche. « Il faut avoir une bonne «lecture» du chien. Non seulement parce qu’il en va de notre vie et de celle des autres, mais aussi parce que si le chien «marque», il y a une procédure très lourde qui est ensuite déclenchée : périmètre de sécurité, évacuation, action des OED… »
Le chien est cependant soumis à certaines conditions comme le vent, qui disperse les molécules dans l’atmosphère, la pluie, ou… la fatigue. « Il ne faut pas oublier que comme nous il a besoin de repos ».
Le flair de ces chiens, a déjà permis de trouver des IED posés en bordure des routes. « Ce jour là, nous étions en train d’assister des démineurs à l’ouverture d’un axe routier » se souvient le caporal-chef Gérard Garrido. « Avec mon chien nous explorions une zone, lorsqu’il s’est assis. J’ai croisé son regard et j’ai immédiatement compris. Une grosse bulle de fierté m’a envahi. Nous avions trouvé un IED ».
Pouvoir détecter tous les types d’explosifs exige un entraînement poussé. « Le chien de détection explosif doit être indifférent à l’environnement et surtout il doit être joueur. C’est primordial » souligne l’adjudant Fraiche. « Car il va passer sa «carrière» à chercher son jouet, dans lequel est caché l’explosif ». C’est par le biais du jeu, que le chien mémorise les odeurs. Il va se fier à l’odeur de l’explosif pour retrouver son jouet. « Le maitre-chien doit constamment encourager et motiver son chien, même si la situation sécuritaire ne s’y prête pas ».
Une fois les odeurs mémorisées, il faut peaufiner l’entraînement. A leur arrivée en Afghanistan, les maîtres-chiens demandent aux OED ou aux sapeurs du génie de leur donner des explosifs utilisés par les insurgés pour que le chien «apprenne » ces nouvelles molécules. Par ailleurs, il faut le dresser à s’intéresser à autre chose qu’à son jouet. Gare aux surprises : « La première fois que nous sommes allés en Afghanistan, le chien a dû se familiariser à la population afghane, il ne fallait pas qu’il puisse être distrait par son nouvel environnement, la circulation…. D’où l’importance de l’exposer au plus grand nombre de situations possibles avant le départ et de l’emmener sur les terrains les plus variés pour qu’il ne soit pas surpris ».
http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles2/des-chiens-detecteurs-d-explosifs
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire