« C'était mon 8e départ mais on découvre encore sous un autre jour son corps, ses réactions aussi ». Alors qu'un 42e soldat français a été tué samedi en Afghanistan, le caporal-chef Jacky Belin, revient de six mois là-bas, d'octobre 2009 à avril 2010, et témoigne.
Il réalisait des liaisons avec l'hôpital militaire de Kaboul et était en soutien des convois. Il avoue sans honte que, même s'il n'a jamais été la cible de tirs, « la peur et le stress sont nos meilleurs amis là-bas et en plus je sortais tout le temps ». Car sur ce « théâtre des opérations », comme jargonnent les militaires, l'ennemi peut être partout. « Ce peut être une voiture, quelqu'un sur un âne, un caillou… ». Mais comme ses compagnons, l'Afghanistan il l'a choisi. « Quand on s'engage, c'est pour partir ». Comme ses compagnons encore, il a dû vivre loin de sa famille. De ses enfants surtout car sa femme, infirmière dans l'armée était elle aussi en Afghanistan pendant deux mois. « On a pu passer le réveillon ensemble le 24 décembre. » Pour voir leurs enfants restés chez les grands-parents, c'est internet et Skype qui deviennent alors leurs meilleurs amis. « Ils ont pu nous voir tous les deux, ça fait du bien. » Les familles, point sensible des militaires. Le caporal-chef Viemon en témoigne. « C'est presque plus dur pour elles que pour nous. On était basé à l'aéroport de Kaboul, à l'extérieur de la ville. Quand les médias annonçaient des morts ou des incidents sur la ville nos familles s'inquiétaient parce qu'elles ne connaissent pas bien la zone. Il faut les rassurer. » Internet vient à la rescousse encore une fois. « Nous avions la chance par rapport à des postes avancés d'être sur une base de l'Otan, donc côté communication, on était privilégié, sans aucune restriction. On dit pas mal de choses par courrier, mais Internet nous permet de recréer une proximité et une intimité », avoue-t-il. Avec l'adjudant-chef Philippard et le caporal Larcher, ils étaient basés à l'hôpital militaire et n'en sont pas sortis de six mois. Ils ont réceptionné des blessés de guerres, essentiellement militaires, et travaillé dans des équipes médicales multilingues. « On a eu pas mal de boulot. Nous avions trois équipes qui se relayaient tous les jours? » La barrière de la langue ? « On est dans l'action, dans le réel, explique l'adjudant-chef Philippard. La barrière de la langue saute vite, il faut agir. »
Si leur mission première est d'assurer un soutien médical aux forces françaises, et alliées si besoin, les militaires ont aussi porté secours aux civils afghans. Pour des blessures de guerre ou des accidents de la route. « Sur 26 lits à l'hôpital militaire, nous en gardions une dizaine pour les civils », explique l'adjudant-chef Philippard. Une aide d'urgence, mais également une manière de gagner les cœurs de la population : « Les soins pour les civils sont évidemment gratuits, témoigne le caporal-chef Viemon. Dans les hôpitaux de Kaboul, c'est payant. Les gens étaient reconnaissants. Certains nous ont même apporté des présents pour nous remercier. »
Le Progrès
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