dimanche 26 avril 2015

Maison d'éducation de la Légion d'honneur : entre tradition et modernité

Robe chasuble marine, chemisier blanc et ceinture de couleur portée en bandoulière. Telle est la célèbre tenue des élèves de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur. Depuis plus de 200 ans, cette institution publique et laïque accueille les filles, petites-filles et arrière-petites-filles de détenteurs de la Légion d’honneur, de l’Ordre du Mérite ou de la Médaille militaire, à un tarif très attractif (environ 2 200 € par an). La Maison d’éducation de la Légion d’Honneur a pour vocation de former les jeunes filles et de les préparer à leur vie future.
Cette institution prestigieuse se repartit sur deux sites. Les Loges, à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), accueillent actuellement 480 pensionnaires, de la 6ème à la 3ème. Quant à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), il reçoit 490 élèves, de la seconde aux classes post-bac (hypokhâgne, khâgne, BTS de commerce international). Au total, l'institution accueille près d'un millier d’élèves, toutes internes. La Maison d’éducation de la Légion d’honneur dépend du ministère de la Justice. Elle est placée « sous l’autorité directe et exclusive » du Grand Chancelier de la Légion d’honneur, le général d’armée Jean-Louis Georgelin.
Au sein de ces deux établissements, la tradition occupe une place importante. Le règlement intérieur n'a guère changé depuis sa création par Napoléon, et la devise est toujours « Honneur et patrie ». L’uniforme est obligatoire pour toutes les élèves et l’année est rythmée par des moments- clés comme la remise des rapports ou la cérémonie des prix. « On peut penser que c’est un établissement hors du temps, mais nos élèves y sont très attachées », explique Marie-France Lorente, surintendante (proviseur) de la Maison d’éducation de Saint-Denis. « L’uniforme permet degommer les différences sociales. Quant aux prix et rapports, ce sont des moments forts qui rythment l’année scolaire. Il symbolise le travail rendu et les efforts fournis par les élèves. Ces systèmes de récompenses sont de vraies cérémonies auxquelles des personnalités extérieures sont souvent invitées pour prononcer un discours. Ces rituels très codés correspondent aux valeurs des ordres nationaux, qui sont le mérite, le goût de l’effort, la solidarité et l'émulation. »
L’école possède une équipe d’enseignants de grande qualité détachés de l’Éducation nationale et recrutés par l'établissement. En 2014, 100 % des candidates ont été admises au bac, et 98,5 % ont reçu une mention. « Ces chiffre sont le fruit du travail des enseignants et des élèves », poursuit Marie-France Lorente. « L’internat favorise l’étude et la réussite. Elles viennent ici pour réussir. Il y a beaucoup d’émulation et de solidarité entre elles. »
Les jeunes filles ne reçoivent pas uniquement des cours de matière scientifiques ou littéraires. Les maisons d’éducation possèdent une longue tradition d’enseignement de la musique et des arts plastiques, pratiqués dans le souci de forger le goût esthétique des élèves. « Une part importante des activités extrascolaires est consacrée à la musique, à la danse, au théâtre et aux arts plastiques », enchaîne la surintendante. « Ce sont des activités à la fois très traditionnelles et très modernes. Cela nous donne l’occasion d’observer les élèves dans leur globalité. Par ailleurs, cela contribue aussi à l’épanouissement de leur sensibilité esthétique. » Les écoles organisent de nombreuses sorties (expositions, théâtre, concerts, cinéma), avec comme objectif d’ouvrir l'esprit des élèves sur le monde extérieur et de développer leur culture générale.
Elles sont également souvent appelées à participer à des cérémonies officielles de la République, comme le ravivage de la flamme du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe, ou certaines prises d’armes aux Invalides, lorsque le président de la République s’y trouve, ou encore des cérémonies autour du devoir de mémoire. « Ces moment sont l’occasion de leur faire prendre conscience des valeurs dont elles sont les héritières, et de leur mission de les transmettre à leur tour », termine Marie-France Lorente. Une maison qui s’appuie sur ses traditions pour mieux éduquer ses élèves, afin de les préparer au monde du XXIe siècle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire