C'était hier à Nancy. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a rendu une visite impromptue - mais pas "surprise" car les intéressés en avaient été avisés la veille - au Centre expert des ressources humaines et de la solde de l'armée de terre. Motif : les dysfonctionnements récurrents depuis plus d'un an du nouveau logiciel informatique Louvois (Logiciel unique à vocation interarmées de la solde). Résultat : des milliers de bulletins de solde défaillants, des primes et des suppléments de solde non réglés et une grosse colère du ministre.
Une exigence de François Hollande
Jean-Yves Le Drian avait été avisé de ces problèmes bien avant de prendre ses fonctions, à tel point que, dans le discours sur la défense qu'il avait préparé pour le candidat socialiste à la présidentielle, cette affaire avait été mentionnée. François Hollande a déclaré le 11 mars : "Les militaires doivent avoir une considération. Nous n'accepterons plus que des problèmes de retard dans le versement des soldes, notamment des militaires en opération, mettent des familles en difficulté. On nous parle d'un logiciel qui aurait créé du désordre, c'est inacceptable. Et encore plus quand ça touche des soldats en opération et d'une manière générale des fonctionnaires, qu'ils soient militaires ou civils", a insisté l'actuel président de la République. Qui a constaté qu'aucun remède n'avait été apporté.
Coup de gueule ministériel
Six mois plus tard, rien n'a changé, d'où le coup de gueule de Le Drian, dont son entourage assure qu'il "ne va pas lâcher le morceau", avant que les 10 000 incidents en cours sur les fiches de solde - et les paiements afférents - ne soient réglés, sur les 120 000 qui se font faits jour au cours de l'année écoulée et qui ont été résolus. "C'est une affaire de respect", ajoute-t-on... Dans son discours au personnel du CERHS, le ministre a "positivé" son exaspération : "Je sais l'énergie que vous déployez pour que les soldes soient payées à temps. Je voulais vous en remercier. Mais il reste encore trop de problèmes non résolus. Cela va changer." Il qualifie d'"inacceptables" les dysfonctionnements de Louvois, dont il a pris la mesure lors de plusieurs entretiens dans les unités de l'armée de terre qu'il visite régulièrement, avant d'analyser les raisons de ce problème : "Le nouveau dispositif a été mis en oeuvre dans un contexte où l'organisation des fonctions de soutien, avec les bases de défense, n'était pas stabilisée (on supprime une partie du personnel des CTAC) et où, dans le même temps, les services de solde disparaissaient. Il y avait là une impasse évidente, qui était de nature à fragiliser la mise en place de Louvois, et dont nous faisons effectivement les frais aujourd'hui. Je ne m'étends plus sur le passé."
Mesures concrètes
Place aux mesures concrètes, donc. Un numéro vert sera accessible dès le 1er octobre afin que les incidents soient connus au plus vite. Un "groupe utilisateurs" sera mis en place, avec la participation du Conseil supérieur de la fonction militaire. Un dispositif de contrôle de la solde est installé et un dispositif spécifique pour les personnels de retour d'opex est mis en place, car le ministre a été "choqué d'apprendre que des militaires de retour d'opex rencontraient des difficultés dans le paiement de leurs soldes". "Nous leur devons le plus grand respect pour cet engagement où leur vie est en jeu."
Le Drian de ce fait souhaite "donner un coup d'accélérateur aux dossiers en attente de régulation". "À cette fin, j'ai demandé un état des lieux précis, pour connaître la réalité des dossiers non encore traités et pour avoir une visibilité sur ce qu'il reste à faire et en conséquence y mettre tous les moyens."
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