lundi 29 août 2011

Six Français à l'assaut de la cordillére inconnue

Le Groupe Militaire de Haute Montagne - six as des cimes de l'armée française - basé à Chamonix, va se lancer, début septembre, à l'assaut de l'un des très rares « rectangle blanc » ou Terra Incognita du globe, jamais traversée de part en part par l'homme : la cordillère Darwin, queue australe de la cordillère des Andes en Terre de Feu chilienne.
Plusieurs expéditions internationales d'alpinistes ou d'explorateurs chevronnés, ont déjà relevé sans succès ce défi extrême au-delà des normes communément admises de la course en montagne, y compris sur les plus hauts sommets de monde.
En octobre 2009, une autre expédition française, « Un rêve de Darwin », dirigée par un seigneur des sommets, Yvan Estienne, avait dû raccrocher les crampons sur ce terrain impraticable.
Le nouveau défi relevé par le GMHM, « Sur le fil de Darwin », a été préparé depuis un an : « Nous avons soigneusement analysé, à la lumière de notre expérience, toutes les composantes humaines, techniques, météorologiques des échecs des précédentes expéditions, explique le lieutenant Didier Jourdain, 33 ans. Nous avons tout remis à plat ».

Le cap Horn de la montagne

La cordillère Darwin - que l'auteur de la « Théorie de l'évolution des espèces » découvrit en 1832 lors de son tour du monde sur le Beagle - est à l'alpinisme, ce que le franchissement du Cap Horn, contre le vent et un jour de tempête, est à la navigation…
Cette petite chaîne montagneuse, dont les deux plus hauts sommets, le Mont Shipton et le Mont Darwin culminent à 2 469 m et 2438, s'étend sur 170 km, d'Ouest en Est dans les 50e Hurlants, entre le détroit de Magellan au Nord et le canal de Beagle au Sud.
Mais les quasi insurmontables difficultés ne résident pas dans la hauteur des sommets (les hommes du GMHM sont notamment des habitués de l'Himalaya sans oxygène), mais dans les terribles conditions météorologiques qui sévissent en permanence sur cette chaîne de montagnes vierge : rares apparitions du soleil, froid polaire, précipitations constantes et imprévisibles de pluie ou de neige, absence de visibilité, avalanches, crevasses masquées, chutes de séracs (amas chaotiques de glace) et surtout le vent.
Le vent fou, extrêmement violent, qui lève soudain ses violentes rafales pouvant dépasser 200 km/h (les Wallawoo) qui emportent tout sur leur passage.
C'est aussi le royaume de Mwono, un esprit du mal et du bruit rôdant dans les montagnes et les glaciers, qui terrifiait les anciens indiens Alakalufs, tribu fuégienne aujourd'hui éteinte.
« Ces solitudes glacées, inspirent la mort, plus que la vie… » a écrit Darwin.

450 kg de matériel

Les 6 hommes du GMHM qui vont tenter l'impossible, sont commandés par le capitaine Lionel Albrieux, 40 ans. Outre le lieutenant Jourdain, partent vers l'inconnu, l'adjudant-chef Sébastien Bohin, 38 ans, le sergent-chef François Savary, 38 ans, Dimitri Munoz, (grimpeur civil du GMHM, 38 ans), et le caporal Sébastien Ratel, 25 ans.
Après avoir été largués par bateau -depuis Punta Arenas- à l'extrémité Ouest de la cordillère, les six militaires, évolueront en totale autonomie, sans aucune aide extérieure.
Chacun transportera sur son dos et sur des pulkas (traîneaux), 75 kg de matériel. Sur le papier, leur périple, jusqu'aux dernières terres glacées tombant dans le canal de Beagle, est de 130 km qu'ils espèrent couvrir en 30 jours.
« La région est très peu et mal cartographiée. Nous n'avons d'autre choix que de passer systématiquement par les crêtes, ce qui suppose de nombreuses ascensions. Nous avancerons en permanence en cordée, compte tenu de la dangerosité du lieu », ajoute le lieutenant Jourdain.
Reste qu'en cas de « pépin », les possibilités de secours par hélicoptère, sans être totalement exclues, sont extrêmement aléatoires, périlleuses et prendraient beaucoup de temps.
Mais si les six militaires du GMHM parviennent à vaincre, pour la première fois de l'Histoire, la cordillère Darwin, ce dernier « rectangle blanc » sur le planisphère sera désormais paré des couleurs bleu, blanc, rouge.
http://www.ladepeche.fr/article/2011/08/29/1155212-six-francais-a-l-assaut-de-la-cordillere-inconnue.html

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