mardi 14 juin 2011

Très sollicitée, l’armée est-elle encore taillable et corvéable à merci ?

Voilà un vieux réflexe national que celui qui consiste à en appeler régulièrement à l’intervention de l’armée dès qu’il est question de désordres ou de problèmes de logistique. En réclamant, voici quelques jours, la présence de «Casques bleus» sur sa commune, Stéphane Gatignon, le maire de Sevran, en Seine-Saint-Denis, n’a pas failli à la tradition. Pas plus que le nouveau président de la FNSEA exigeant que cette même armée mette ses moyens à la disposition d’une agriculture frappée par la sécheresse afin d’assurer le transport du...foin.
En fait de telles demandes n’ont rien d’illégitimes, surtout lorsqu’il s’agit de réagir face à une catastrophe naturelle et une sécheresse peut effectivement en devenir une. «La défense contribue à la gestion des crises et des catastrophes naturelles sur le territoire nationale. La participation des armées est prévue dans les plans gouvernementaux «grand froid», «pandémie grippale» ou dans la lutte contre les pollutions maritimes ou les feux de forêts», nous a précisé, vendredi, un officier du service de la communication du ministère de la Défense. On se rappelle, à ce propos, que l’armée avait prêté main forte, lors de l’hiver 2010, aux services de l’Etat et aux collectivités territoriales après le passage de la tempête Xynthia. D’ailleurs, elle n’échappera pas non plus aux conséquences de la sécheresse puisque, pas plus tard que jeudi, le président Sarkozy a annoncé que «des installations de la Défense nationale seront mises à disposition pour permettre le stockage des pailles et des fourrages».
En ce qui concerne le maintien de l’ordre - le problème posé par le maire de Sevran - les choses sont toutefois différentes. Dans ce cas précis, l’armée ne peut intervenir que dans un cadre légal très précis et seulement en cas de «crise majeure», ces dispositions ne s’appliquant pas bien sûr à la gendarmerie dont la mission quotidienne est d’assurer le maintien de l’ordre à l’intérieur des frontières. Ni à certaines missions déjà assurées par les forces armées, comme la lutte en mer contre la pêche illégale, le narcotrafic ou l’immigration illégale. Ou, encore, la lutte contre l’orpaillage clandestin en Guyane française.
Si la situation exigeait toutefois le recours à des moyens militaires spécifiques, définis dans le livre blanc de la défense, publié en 2008, il est à noter qu’un contingent de 10 000 hommes a été prévu pour venir renforcer les moyens civils de l’Etat..
Mais après la professionnalisation de nos armées et alors que celles-ci sont engagées sur de nombreuses opérations extérieures (voir infographie), il est évident que la gestion des forces doit se faire avec autant de prudence que de mesure. Pour répondre, dans l’avenir, aux missions intérieures que l’Etat peut lui demander d’assurer l’armée de terre travaille ainsi à mettre sur pied une force constituée de 800 réservistes pouvant être engagés en 48 heures sur le territoire nationale.
Reste à savoir toutefois, et alors même que nos armées sont justement en manque de réservistes, si la perspective de transporter du foin ou de nettoyer des plages polluées est susceptible d’éveiller des vocations.
http://www.leprogres.fr/france-monde/2011/06/14/tres-sollicitee-l-armee-est-elle-encore-taillable-et-corveable-a-merci
hebergeur image

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire