dimanche 17 avril 2011

En direct du Charles-de-Gaulle

Loin des salons où diplomates et politiques se concertent sur la situation libyenne, les hommes du Charles-de-Gaulle poursuivent leur mission à un rythme très soutenu. Jeudi, le commandant du porte-avions, Philippe Rolland, annonçait que plus de 500 décollages avaient été comptabilisés depuis le début de l'opération Harmattan. De jour comme de nuit, dans un déluge de décibels et de vapeur d'eau, les catapultes propulsent Rafale et Super-Étendard de 0 à 250 km/h en 1,8 seconde au-dessus des flots. Même les pilotes deF1 en seraient sonnés. Les missions ne sont pas longuesdeux heures et demie maximum, les côtes libyennes étant à 25 minutes de vol.

«La zone a bien été nettoyée»

«Les tirs sont toujours aussi nourris, même si la zone a bien été nettoyée», précise le commandant Hervé, du groupe aérien embarqué. Face à cette menace venue du ciel qui a cloué au sol son aviation, Mouammar Kadhafi a mis à l'abri ses navires de guerre dans les ports civils. Seule une de ses vedettes a été pilonnée, il y a deux semaines Ces derniers jours, en réponse aux demandes des rebelles qui demandaient davantage de soutien, les tirs ont été concentrés à Misrata. Les avions quittent le bord lestés de bombes à guidage laser de 250 kg ou de missiles Mica. Et, depuis peu, fait nouveau, de redoutables missiles Scalp, capables de voler à basse altitude en prenant en compte les subtilités topographiques du terrain pour atteindre leur cible

Analyse en temps réel

Autre avancée marquant: l'analyse en temps réel des images prises par les avions de reconnaissance. «La chaîne de décision a été considérablement raccourcie. L'image est transmise directement à bord du porte-avions avant d'être analysée. En moins d'une demi-heure, on peut avoir le feu vert de l'Otan pour s'engager», explique, au bar des officiers, dans sa combinaison verte, Helmut, un jeune pilote de Rafale de la BAN de Landivisiau (29). Si l'armement est high-tech, le renseignement, lui, arrive parfois au compte-gouttes. «En Afghanistan, on était guidé par des gens au sol. Pas ici. On doit intervenir sur une ligne de front extrêmement mobile. Ça change tous les jours, ajoute Helmut. Et nos cibles sont parfois difficilement identifiables. On regarde à deux fois avant de viser des pick-up armés d'un canon ou d'une mitrailleuse. Mais il y a des signes qui ne trompent pas: il suffit de regarder dans quel sens ils tirent.» Les militaires français ont la certitude que Kadhafi utilise des moyens civils pour se battre, tient à préciser le commandant Gander, un des conseillers de l'amiral.

Dans la durée

À ceux qui pensent que le conflit s'enlise, l'amiral Philippe Coindreau répond que les choses sont en train d'évoluer en faveur des rebelles. Pour autant, selon lui, sous-estimer les forces pro-Kadhafi serait une grave erreur. Les pilotes qui, à bord, ont accès à de nombreuses chaînes de télé et à de nombreux titres de la presse écrite, pourraient en faire les frais. Alors, tous les jours, avant de prendre place dans leurs cockpits, l'état-major les briefe sur l'évolution de la situation, qu'elle soit stratégique, militaire ou politique. Combien de temps la Marine nationale française va-t-elle rester sur zone? Ici, personne ne peut le dire. Mais à bord du Charles-de-Gaulle, les choses semblent être inscrites dans la durée. «À la fin du mois, cela fera six mois qu'on est parti, avec seulement trois semaines pour souffler entre la mission Agapanthe dans l'océan Indien et les frappes en Libye. Vous avez de la chance de rentrer chez vous», lance un jeune sous-officier avant que nous ne prenions place à bord de l'hélico pour rejoindre la terre ferme.

http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/monde/libye-en-direct-du-charles-de-gaulle-17-04-2011-1271525.php

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