Dimanche, plusieurs Rafale de la base aéronavale de Landivisiau (29) ont mis le cap sur la Libye. Dans les cockpits, des pilotes d'exception, dûment sélectionnés, qui s'entraînent sans relâche. Il y a quelques jours, nous les avons suivis. Un vrai parcours de combattants.
Le ciel est dégagé ce matin-là sur les 2,7km de piste de la base de Landivisiau. Deux Rafale coupent le bleu azur du ciel. Direction la mer pour un vol d'entraînement. Au sol, un jeune pilote qui pourra bientôt tutoyer les nuages fait ses premières armes sur un simulateur de vol. Le corps calé dans la réplique d'un cockpit de Rafale, il porte une combinaison anti-G, un casque et un masque. La respiration est lente et lourde. Le jeune homme est extrêmement concentré. «Certains sortent de là en nage», explique Arnaud Trussart, responsable du centre de simulation Rafale. L'exercice est intense. Et, grâce à huit projecteurs vidéo, l'illusion parfaite. «Il s'agit rarement d'un vol sans problème. Les instructeurs, de leur cabine, simulent des pannes moteur. Ou des conditions de vol assez sévères. Avec de l'orage et de la neige, par exemple». Le terrain de jeu virtuel est immense. Car la France entière est modélisée. «Ça nous permet de voler d'Ouessant à Marseille».
Deux ans de formation au pilotage aux États-Unis
Après une dizaine de séances de simulateur, de deuxheures chacune, les apprentis pilotes de chasse passent en vol réel. Seuls dans leur avion, suivi à proximité par un instructeur dans un autre appareil. L'aéronavale, contrairement à l'armée de l'air, ayant opté pour des monoplaces. On ne se voit pas confier un Rafale - petit bijou de technologie de plus de 50millions d'euros - du jour au lendemain. «Ils ont tous commencé par deuxannées de formation au pilotage dans une base du Missouri, aux États-Unis. Ensuite, ils reviennent chez nous, précise le major Prigent, du service d'instruction technique. Là, avant la phase simulateur, ils passent par une approche théorique très approfondie de l'avion qu'ils auront en main». Sur les tables, d'épaisses documentations attendent les élèves. Tout est décortiqué: du moteur à l'hydraulique en passant par les gouvernes et les trains d'atterrissage. L'armement suivra ensuite.
«Nous recherchons l'excellence»
L'évolution des futurs pilotes est suivie à la loupe. Chaque séance est débriefée. Si un candidat n'est pas à la hauteur des espérances des formateurs, il peut être recalé. À tout moment. «Tous ne deviendront pas chef de patrouille, commente le capitaine de corvette Sophie Marchione, chargée du suivi des jeunes pilotes. Car nous recherchons l'excellence. Ceux qui mettent en cause leur sécurité ou celle des autres ne seront pas retenus. Actuellement, on suit une douzaine de personnes. Je sais que cette aventure prendra fin plus vite que prévu pour trois ou quatre d'entre elles». Pour le commandant de la BAN, Patrick Zimmerman, les pilotes sont avant tout des combattants et des sportifs de haut niveau. «Les conflits ont considérablement évolué. Depuis 2001, par exemple, on intervient en Afghanistan. Les avions s'éloignent considérablement du porte-avions. Ce terrain est extrêmement difficile. L'incertitude règne partout.C'est pourquoi nos gars doivent être affûtés. Sur la base, plus de 1.700 personnes travaillent uniquement pour qu'ils puissent s'entraîner dans les meilleures conditions, en toute sécurité».
Un entraînement permanent
Pas de profil type parmi les jeunes recrues. «Pas la peine d'avoir la bosse des maths. Ou d'être premier de la classe. Les qualités premières, qui orienteront le recrutement, sont la stabilité émotionnelle, la motivation, la rigueur et la maturité», poursuit Baron, le chef de la section formation sur Super-Étendard modernisé. Un pilote chevronné, qui est régulièrement catapulté du pont du Charles-de-Gaulle. Durant toute leur carrière, les pilotes de chasse de l'aéro s'entraînent régulièrement et fréquemment. «Avec des armes à blanc, sur des champs de tir près de Lorient mais aussi dans le Sud de la France. On fait aussi des passes d'attaque fictives à l'aide de caméras sur des cibles existantes: pylônes, usines et autres gros bâtiments».
http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/landivisiau-le-parcours-des-combattants-de-la-base-aeronavale-22-03-2011-1242670.php
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