Aucun des militaires qui franchissent les grilles ne se risque à émettre le moindre commentaire sur l’attentat perpétré à 8 h à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) contre six de leurs collègues en mission pour l’opération Sentinelle. « L’As de Trèfle », surnom du régiment, a été touché en plein cœur.
Dès que la barrière s’ouvre pour laisser passer une fournée de militaires ayant achevé leur service, c’est d’un pas pressé que ceux-ci s’éloignent. Main tendue, le refus est poli envers les journalistes : « on n’a pas envie de parler ! »
Et puis, le mot d’ordre est clair, finit par révéler l’un d’eux. C’est l’état-major qui a la parole. Et en cette fin d’après-midi, des nouvelles plus rassurantes sur les blessés sont parvenues au quartier Maud’Huy. « C’est moins grave qu’on ne le craignait de prime abord » soupire un des « Gaillards » du 35.
« Ce sont aussi les risques du métier. Cet événement vient nous rappeler qu’il faut être encore plus vigilant. » Et les familles ? « Elles sont prévenues et certaines sont déjà parties à Paris. »
Quant à la colère supposée des soldats envers l’agresseur, il relativise : « à qui voulez-vous qu’on en veuille, on ne sait même pas qui c’est ni ce qu’il voulait, ce type. Il a été arrêté. Il est blessé. » Un autre consent à sourire : « J’espère pour lui qu’ils ne l’ont pas amené à Percy ou Clamart où sont hospitalisés nos camarades… ».
Même si certains habitants ignorent la nouvelle, c’est généralement la consternation dans le quartier.
« C’est triste. Aujourd’hui, le risque est partout, mais on est encore plus sensibilisé quand un tel événement atteint un régiment de notre ville » indique Dominique Siess, qui vit depuis 2002 dans le quartier des Glacis où se trouve la caserne.
Depuis la mise en œuvre de l’opération Sentinelle en janvier 2015, le 35e a largement contribué à cette mission de surveillance du territoire national, à Paris comme en province.
En 2016, deux cents Gaillards de l’active et de la réserve y ont participé. Principe majeur : faire intervenir en un lieu donné des troupes venues d’autres régions afin d’éviter d’éventuelles représailles contre les familles.
Il suffit de parcourir les rues avoisinantes pour se rendre compte combien le 35e est apprécié dans le quartier. Alain Dechoz, 70 ans se souvient y avoir fait son service militaire, d’abord au fort Hatry, puis à la caserne Friederichs.
À la pharmacie toute proche de la caserne, Corinne Laforge accueille souvent des militaires : « ils représentent une bonne proportion de la clientèle ».
Fille et cousine de militaire, Séverine Kiblaire, 31 ans, domiciliée à Froidefontaine, voit remonter ses souvenirs d’une enfance vécue dans le quartier : « Quand j’étais petite, j’allais chaque année aux portes ouvertes du régiment. On pouvait même monter dans des chars. Je me souviens aussi quand on est allés à l’inauguration du nouveau bâtiment en 1989. Je ne connais pas personnellement les soldats blessés, mais quand j’ai appris la nouvelle, ça m’a fait de la peine. Malheureusement, on ne pourra jamais l’empêcher. On peut aussi se demander si en patrouillant ainsi, ils ne sont pas trop exposés, trop visibles. »
Le 35e RI frappé en plein cœurhttp://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2017/08/10/le-35e-ri-frappe-en-plein-coeur
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