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jeudi 18 août 2016
Mes emplois à Margival
Une partie des cadres du CEC (au premier plan, le colonel chef du Centre)
Je vais vous raconter mes emplois au Centre d'Entrainement Commandos de Margival.
J'arrivais de Belfort tout heureux de servir dans un CEC avec mon brevet de moniteur commando tout neuf de Mont Louis... mais dès les premières semaines mes supérieurs (ils avaient eu connaissance de mon emploi d'adolescent à la Société Générale) m'ont désigné munitionnaire du CEC. J'étais donc chargé de la comptabilité des munitions... et des munitions dans un CEC c'est de la comptabilité ! Entre les pains de plastique, les détonateurs, la mèche lente ou le cordeau détonnant, il y a beaucoup de mouvements... Au bout d'un an, il m'a été demandé si j'acceptais le poste de sous officier responsable de l'ordinaire (cuisines) ... l'emploi était tellement valorisant que je l'ai accepté!
L'emploi de chef de l'ordinaire est assez difficile...en acceptant ce poste je ne pensais pas avoir autant de soucis...non seulement il faut être performant sur le plan culinaire (les soldats doivent bien manger et en quantité car les hommes ici effectuent beaucoup d'efforts physiques lors de leur stage commando)...il faut aussi serrer les prix et ne dépenser que la somme allouée pour le mois... c'est un chiffre par homme et par jour ...ne pas dépasser sur le mois...le bilan de fin de gestion mensuel est source de tracasseries ...
Je recevais les représentants et les représentantes...il y a ceux qui sont habitués... on les voit toutes les semaines pour prendre les commandes... on discute des prix bien sur ...et il y a les occasionnels qui viennent vous proposer des "affaires".
Un jour une jeune représentante s'est présentée à mon bureau... je l'ai faite asseoir ... elle était habillée très courte... croisant et décroisant ses longues jambes pour attirer mon regard et ainsi m'endormir sur l'essentiel...les produits qu'elle proposait à la vente...j'ai tout de suite vu son manège et elle est repartie comme elle était venue sans commande...
Il y en a eu plein comme ça...certaines proposaient un poste de télévision en cadeau pour l'achat de 500 poulets...à des prix .... on ne travaille pas dans ce métier pour gagner des cadeaux !!!
Je me souviens de plusieurs fournisseurs... les habitués.. je vais les nommer ici car ils n'exercent plus .. je peux vous dire que les personnes que je vais vous citer, je les ai vraiment appréciés.
Pour les fruits et légumes c'était Monsieur Robert Potier de Laon. Les prix étaient fixés en fonction du cours des halles... journal que je recevais chaque jour... on discutait sur le pourcentage de rabais en moins du cours des halles... monsieur Potier était dur en affaire et cette façon de travailler m'a beaucoup servi au cours de ma carrière administrative. Monsieur Emile Lievin de Sissonne vendait l'épicerie... lui aussi, à sa manière il m'a aidé à progresser... et enfin il y avait un homme à qui on ne pouvait rien refuser... c'était la bonté...il représentait la biscuiterie Dutoit de Chauny... je ne connaissais pas son vrai nom mais je l'appelais Monsieur Dutoit... je lui achetais des biscuits et il ne cessait de remercier à chacune de mes commandes....
De la gestion dans cet emploi à responsabilité mais il fallait aussi la discipline dans les cuisines... on est pas là pour empoisonner nos soldats... c'était parfois assez dangereux...un jour le chef cuisiner s'est approché de moi, le regard menaçant avec un couteau de cuisine... comme je n'ai pas baissé les yeux...il a fait demi tour...mais après, j'étais sans cesse sur le qui vive...c'est loin...(il y a 40 ans) et je me souviens encore de son nom...que je ne dévoilerais pas ici...
Et puis il y a eu l'affaire du poulet... le mercredi soir après le service, je signais une permission de sortie de nuit aux cuisiniers... avant qu'ils ne partent pour faire la fête en ville, il fallait que les cuisines soient super propres...ça devait briller...Comme tous les soirs je passe partout pour vérifier la propreté...arrivé à la boucherie je surprends le boucher en train de voler un poulet qu'il mettait dans une musette..."engueulade" et punition...pas de sortie ce soir pour le boucher !!!
L'affaire aurait pu en rester là...
Le samedi suivant, c'est la fin de semaine... on termine à midi... tout se passe bien... je peux donc repartir chez moi...je prends ma voiture (une belle petite 104 bleue neuve ) et je me dirige vers la sortie...arrivé devant le poste de sécurité, alors que le planton ouvre la barrière... le voiture s'arrête et ne veux pas redémarrer...comme si j'étais en panne d'essence... le planton qui travaille au garage...regarde dans le moteur et me dit que ce n'est pas de l'essence mais de l'eau de javel qu'il y a dans le réservoir... un de mes cuisiniers m'a versé de l'eau de javel dans mon réservoir...
Je préviens tout de suite mon officier des détails ...nous nous rendons tous les deux aux cuisines et là le lieutenant, en colère, supprime toute les permissions... et demande à celui qui avait fait ça de se dénoncer pour que les permissions soient à nouveau signées... il dit aussi qu'il va mettre des jours d'arrêts tous les jours à chacun...un bouton mal fermé, une chaussure sale ...toutes les fautes seront sanctionnées...et à la fin du service militaire ce sera du rabe comme ils disent entre eux... c'est à dire que les jours d'arrêts seront additionnés et que chacun devra faire plusieurs jours (mois) de plus que prévu...
Le lundi matin, les cuisiniers sont venus livrer leur camarade ayant mis l'eau de javel dans mon réservoir...
Il a été condamné à payer la réparation de la 104 ...nettoyage de tout le circuit de distribution et changement du réservoir... il a été muté disciplinaire... Vous avez deviné que c'était le boucher qui avait fait ça !!!
J'ai tenu ce poste pendant trois longues années... puis on m'a proposé le poste d'adjoint au trésorier...
C'est dans cet emploi que j'ai appris l'administration militaire ce qui m'a permis de réussir mon Certificat technique N°2 de comptable des services administratifs (CT2CSA)
Quand je vous dit qu'à l'armée on est polyvalent on doit être capable d'occuper n'importe quel poste et à Margival je n'en étais qu'au début de ma carrière...
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