J'ai appris ce chant militaire dès les premiers jours de mon engagement au 164° Régiment d'infanterie à Verdun.
Le militaire sait qu'il va peut être mourir un jour loin de chez lui ... et au cours de ma carrière ce chant me revenait quand un de mes frères d'armes décédait sur un territoire éloigné...
Loin de chez nous, en Afrique, combattait le bataillon,
Pour refaire, à la Patrie, sa splendeur, sa gloire et son renom.
La bataille faisait rage, lorsque l'un de nous tomba.
Et mon meilleur camarade, gisait là blessé auprès de moi
Et ses lèvres murmurèrent, si tu retournes au pays,
A la maison de ma mère, parle-lui, dis-lui à mots très doux
Dis-lui qu'un soir, en Afrique, je suis parti pour toujours.
Dis-lui qu'elle me pardonne, car nous nous retrouverons un jour.
Rajovac Aout 1996 c'est la fin de notre mandat... les compagnies du bataillon terminent leurs missions et préparent la relève. Sur le mont Igman la compagnie des travaux du génie l'aménagement d'une piste pour la rendre praticable en véhicule... sur l'engin de chantier un jeune engagé...
Les pluies diluviennes de ces derniers jours ont rendu le terrain meuble. soudain son engin bascule dans le ravin, il saute ! mais du mauvais côté ... le malheureux est écrasé par son véhicule ... il décèdera quelques jours plus tard... je l'ai appris alors que j'étais en train d'organiser un pot de fin de mandat avec les sous officiers du bataillon (j'étais président des sous officier de la compagnie de commandement et de soutien) J'ai aussitôt annulé le pot. Chacun est retourné dans son unité tristement...
Deux jours plus tard... le bataillon était rassemblé en grande tenue sur la place d'armes pour rendre hommage au défunt...18 ans ...mourir à une semaine de la fin de la mission...mourir loin des siens...loin de chez lui... (il y a une chanson militaire qui dit "loin de chez nous en Afrique... et mon meilleur camarade est mort auprès de moi...")
Le colonel a bien parlé...il lui a parlé...comme si il était vivant...il lui a dit des mots très doux (comme dans la chanson)...mes larmes ont coulé ... je n'ai pas pu me retenir...j'étais debout droit comme un i ...au garde à vous... et les larmes inondaient mon visage...
Je savais que le papa du soldat décédé était là...lui aussi au garde à vous...il était major ici mais dans un autre bataillon...imaginez l'homme assistant à la prise d'arme d'hommage à son fils... ce fut difficile pour lui....j'y pense encore aujourd'hui... et de l'écrire j'ai les yeux larmoyants....
Le métier de militaire est une école de la vie ... il faut le vivre intensément avec ses joies mais aussi avec ses peines ...
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