mardi 11 août 2015

Cet été, l'armée recrute à la plage

Quand il s'agit de recruter, la Grande Muette devient soudainement très bavarde. Il y a quelques jours, les quatre composantes de l'armée française (terre, air, marine et gendarmerie) ont installé leurs stands à Fort-Mahon (Somme).
Les camionnettes modernes des militaires se sont établies en cercle entre la plage et l'avenue principale de la station balnéaire picarde : un point de passage stratégique des vacanciers. Objectif : informer les passants de la grande campagne de recrutement en cours pour les besoins de l'opération Sentinelle lancée après les attentats de janvier ( voir ci-dessous). Mais si l'armée a massivement besoin de nouveaux bras, pas question de lancer rapidement les recrues dans le grand bain : « En comptant les tests, les entretiens, la formation, il faut au moins huit mois pour qu'un candidat devienne un soldat opérationnel. On ne peut pas négliger cette phase », assure l'adjudant Freddy Boulanger, en chemisette kaki, devant son stand.

Malgré un emplacement stratégique, les vacanciers sont rares à s'arrêter devant les militaires en fin de matinée. Ce qui n'inquiète pas le capitaine David Schmidt, uniforme blanc immaculé et grand sourire : « Le temps fort, c'est plutôt en milieu et en fin d'après-midi, quand les gens rentrent de la plage. A cette heure-ci, c'est priorité baignade », assure le recruteur de l'armée de l'air.

Les affiches de chars et d'avions attirent l'œil

L'après-midi est effectivement plus prolifique. Parmi les vacanciers qui s'arrêtent devant les stands, beaucoup de familles, souvent entraînées par leurs enfants. Les vidéos promotionnelles, les affiches d'avions ou de chars d'assaut et les recruteurs en uniforme attirent l'oeil. « Oh, regarde maman, des soldats », lance un petit garçon, tirant toute sa famille vers les militaires. Certaines personnes âgées prennent aussi plaisir à flâner entre les camionnettes, racontant fièrement leurs souvenirs militaires à qui veut bien entendre. Des jeunes enfants, des mères de famille, des retraités... Pas vraiment le profil des recrues espérées. « Dans la plupart des cas, on ne rencontre pas directement les candidats. Ce sont souvent des parents ou des grands-parents qui viennent se renseigner. Le bouche-à-oreille fera le reste », rassure le capitaine Schmidt. Le titre des prospectus distribués est d'ailleurs adapté : « Guide du candidat et de ses proches »...

Véronique est venue se renseigner pour son fils, Rodrigue, qui voudrait s'engager après son bac : « Je ne savais pas que l'armée organisait quelque chose aujourd'hui. C'est une bonne surprise, j'ai pu récupérer des infos. » Plus loin, Marine, 17 ans, est passée se renseigner pour intégrer l'école de la marine nationale. Une longue discussion avec un recruteur, des conseils, mais au final, rien de vraiment concret : « On m'a juste redirigée vers un site Internet », glisse-t-elle, un peu déçue, avant de rejoindre la plage. Parfois, cela mord vraiment. Barbe fournie et lunettes de soleil, Goulven Droumaguet, recruteur de la marine, raconte fièrement : « L'été dernier, au même endroit, le cuistot du restaurant d'en face est venu discuter avec nous. Aujourd'hui, il est sous-marinier ! »
http://www.leparisien.fr/

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