samedi 14 février 2015

Après le crash, opération survie dans la neige pour les équipages de l'Armée de l'Air

Entre deux petits sapins, ils ont tendu une suspente et y ont accroché leurs vêtements les plus chauds loin de l'humidité, leur blouson de vol et la doudoune du paquetage de survie avec lequel ils se sont éjectés. Rester au sec. L'obsession. Maintenant, ils achèvent le recyclage de leurs deux parachutes. «Leur toile nous a permis de faire la couverture pour l'abri, deux “duvets” et de nous signaler aux secours», résume le lieutenant Guillaume, qui se destine à la chasse comme son collègue Alexandre. D'un coup d'œil expert, le capitaine Frédéric jauge leur campement.
Le petit dôme doré bricolé avec la couverture de survie pour être vu du ciel est en place à côté du “V” indiquant qu'il n'y a pas de blessé. Le toit improvisé sur l'alcôve creusée dans la neige est bien tendu au-dessus des canots de sauvetage qui feront “matelas”. Bien.

Longue nuit glaciale

«Mais vous n'avez pas protégé vos chaussures et elles sont mouillées», leur fait remarquer l'officier commando du Centre de formation à la survie et au sauvetage. «En fait, pour économiser les chaussettes, on a mis les surbottes à la place, dans la chaussure», se justifie Alexandre. «Ok, pourquoi pas ? On verra le résultat demain», leur consent l'adjudant-chef Stéphane, patron du Centre Montagne Air, de Barèges. Demain… une éternité désormais comme les minutes vont s'allonger en heures interminables dans la nuit glaciale.
Le scénario ? Invariable pour tous les navigants de l'Armée de l'Air, lorsqu'ils arrivent à Barèges pour ces quatre jours de stage obligatoires “survie temps froid”. Heureusement indemnes après le crash, ils n'en sont pas moins perdus dans la neige en haute montagne. «Ils vont donc passer la nuit dehors avec des températures négatives. Nous sommes là pour leur apprendre à résister au stress et au froid jusqu'à l'arrivée des secours», précise le capitaine Frédéric.
Et tout sauf des vacances façon scoutisme hivernal, tandis qu'en simple combinaison de vol dans la poudreuse à l'écart des pistes ils s'activent par groupe de deux ou trois pour finir le campement avant l'obscurité. Campement qu'ils ont pris soin d'installer en fonction des règles de sécurité que leur a appris Henri, le guide de haute montagne, rapport aux couloirs d'avalanche, aux vents de pente…
Plus loin ? Ceux du transport ont adopté la technique du “quinzy”. Un énorme tas de neige tassée où ils ont creusé un igloo pour trois. Trouvé dans le paquetage de survie avec les rations, le couteau suisse leur a permis de tailler du bois.
«Mais faire du feu sur neige, c'est aussi un art», rappelle Stéphane. Un trou profond. Une couche de branches. Une de neige. Alternativement jusqu'à la surface. De l'écorce de bouleau et du lichen pour étoupe… «Je n'appréhende ni le froid ni la nuit, juste un peu que ça nous tombe sur la tête», sourit le caporal chargé du foyer. «Non, pas d'appréhension, grâce aux TOP (voir encadré), on est bien préparés», reprend l'aspirant Yann, pilote.
Alors, bonne nuit ? «Courte nuit, sommeil fragmenté», concède au matin le lieutenant Romain, pilote de transport, le réveil ayant sonné à 6 heures pour tout démonter et rendre l'endroit tel que trouvé. «Plus que le froid, c'est plutôt le manque de ventilation et la condensation qui m'a posé problème», observe-t-il. Yeux cernés, d'autres ont bien senti le froid s'insinuer jusqu'aux os. Et pour l'un des deux lieutenants, les pieds mouillés ont été durs à gérer. Mais un seul aviateur a eu un «coup de mou». «J'ai dû dormir un quart d'heure. Et tout à l'heure, j'ai été pris de nausées, frissons, vomissements avec mal de tête», résume le caporal Thierry. Diagnostic ? «Pas assez bu durant la nuit». «Boire avant d'avoir soif, essentiel. Maintenant, comme tous, il a mesuré qu'en montagne, une situation se dégrade très vite. Il ne refera pas l'erreur», conclut Stéphane.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/14/2049440-apres-crash-operation-survie-neige-equipages-armee-air.html

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