samedi 24 janvier 2015

Les sentinelles d’Alsace en région parisienne

Sarcelles, ses quatre-vingts nationalités, son Hyper Cacher, sa rue Charles-Péguy… C’est là que s’effectuent les relèves du régiment de marche du Tchad de Meyenheim. La région parisienne aspire six des dix mille soldats déployés sur tout le territoire dans le cadre de Vigipirate.
D’infanterie, d’artillerie, de montagne ou d’ailleurs, les régiments de l’armée française doivent tous participer à la rotation francilienne et se déployer autour des lieux de cultes, synagogues, mosquées… « On est réquisitionné par le président de la République, c’est intéressant », note un capitaine du 15/2.
Le RMT surveille quatre sites sensibles, dont l’école juive Ozar Hatorah de la rue Péguy et ses 500 écoliers, collégiens et lycéens. « Une bénédiction » pour le directeur Messod-Marcel Levy. « Je n’ai jamais ressenti la peur, avoue le directeur, mais les élèves sont craintifs ». Les sentinelles du RMT sont, pour lui « une assurance de tranquillité ». Et la tranquillité est indispensable à la réussite scolaire, « pour que les élèves travaillent convenablement » dans un établissement réputé pour ses résultats.

« On a eu un incident avant l’arrivée des militaires, depuis on est en sécurité »

Les marsouins de Meyenheim ne sont pas en « Opex », opération extérieure, envoyés au Moyen-Orient ou en Afrique. Ils montent la garde devant le portail vert de l’école juive : « Même si on s’engage pour les Opex, lâche un commandant de compagnie, on sait bien que la défense du territoire est la mission numéro 1 ».
Va pour la mission numéro 1. Toutes les deux heures, c’est la relève, de jour comme de nuit. « H 24 » comme ils disent, avec un jour de garde, un de repos. « Pas de problème, assure un fantassin du 15/2, on est formé pour ça et tout le monde ici a déjà vécu Vigipirate, une ou plusieurs fois, c’est vrai pas à ce niveau de sécurité ». Et le niveau de sécurité en vigueur impose gilet pare-balles et Famas approvisionné, prêt au feu.
Ça dure depuis une semaine. Comme le 152e régiment d’infanterie de Colmar, le RMT a mobilisé trois de ses compagnies pour la cause sécuritaire. « On a eu un incident avant l’arrivée des militaires, rappelle le directeur de l’école, le grillage a été enfoncé, mais depuis on est en sécurité ».

Pas de kippa

à l’extérieur

Tous les soirs, le directeur regagne son domicile à Paris, avec les transports en commun mais sans la kippa : « Et je conseille à tous les élèves de ne pas mettre leur kippa à l’extérieur ».
Sarcelles, c’est grand comme Colmar. Une des victimes d’Amedy Coulibaly à l’Hyper Cacher était de Sarcelles, la « première communauté juive de France, devant Paris », estime Messod-Marcel Levy, un quart des soixante mille habitants. Un peu moins aujourd’hui avec les départs vers Israël, déjà observés après les attaques contre les commerces juifs à Sarcelles l’été dernier : « On n’a jamais vu autant de maisons à vendre », déplore une mère d’élève.
La psychose est là. Un parent d’élève a donné l’alerte jeudi après-midi après avoir vu un individu « louche » avec un couteau. Il s’agissait d’un militaire dans une voiture banalisée occupé à la dégustation d’une pomme.
Le matin, l’école avait reçu la visite du grand rabbin et du maire de Jerusalem.

« Ils font partie de l’établissement »

Elle juge « paradoxale », la présence de l’armée devant l’école de sa fille mais adresse ses « chaleureux remerciements » aux militaires. Le directeur qui se félicite des « gestes de sympathie des parents envers les militaires » a affecté une salle aux marsouins qui se relaient toutes les deux heures et les parents d’élèves assurent le ravitaillement en café et viennoiseries : « On est accueillis à bras ouverts », explique un officier du RMT. « Ils font partie de l’établissement », note le directeur adjoint.
À Créteil, là où les Diables rouges sécurisent une école juive, c’est pareil. « Ils sont gavés par les mères juives », plaisante le responsable de la sécurité de l’école. La cantine de l’établissement prépare les repas du soir des sentinelles.
Affecté à la surveillance de six sites, le 152e régiment d’infanterie a pris ses quartiers à Brétigny-sur-Orge, sur une ancienne base aérienne : « On a même le chauffage », précise un officier. La relève ? On ne sait pas encore quand elle interviendra.

http://www.dna.fr/defense/2015/01/24/les-sentinelles-d-alsace

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