D’infanterie, d’artillerie, de montagne ou d’ailleurs, les régiments de l’armée française doivent tous participer à la rotation francilienne et se déployer autour des lieux de cultes, synagogues, mosquées… « On est réquisitionné par le président de la République, c’est intéressant », note un capitaine du 15/2.
Le RMT surveille quatre sites sensibles, dont l’école juive Ozar Hatorah de la rue Péguy et ses 500 écoliers, collégiens et lycéens. « Une bénédiction » pour le directeur Messod-Marcel Levy. « Je n’ai jamais ressenti la peur, avoue le directeur, mais les élèves sont craintifs ». Les sentinelles du RMT sont, pour lui « une assurance de tranquillité ». Et la tranquillité est indispensable à la réussite scolaire, « pour que les élèves travaillent convenablement » dans un établissement réputé pour ses résultats.
« On a eu un incident avant l’arrivée des militaires, depuis on est en sécurité »
Les marsouins de Meyenheim ne sont pas en « Opex », opération extérieure, envoyés au Moyen-Orient ou en Afrique. Ils montent la garde devant le portail vert de l’école juive : « Même si on s’engage pour les Opex, lâche un commandant de compagnie, on sait bien que la défense du territoire est la mission numéro 1 ».Va pour la mission numéro 1. Toutes les deux heures, c’est la relève, de jour comme de nuit. « H 24 » comme ils disent, avec un jour de garde, un de repos. « Pas de problème, assure un fantassin du 15/2, on est formé pour ça et tout le monde ici a déjà vécu Vigipirate, une ou plusieurs fois, c’est vrai pas à ce niveau de sécurité ». Et le niveau de sécurité en vigueur impose gilet pare-balles et Famas approvisionné, prêt au feu.
Ça dure depuis une semaine. Comme le 152e régiment d’infanterie de Colmar, le RMT a mobilisé trois de ses compagnies pour la cause sécuritaire. « On a eu un incident avant l’arrivée des militaires, rappelle le directeur de l’école, le grillage a été enfoncé, mais depuis on est en sécurité ».
Pas de kippa
à l’extérieur
Tous les soirs, le directeur regagne son domicile à Paris, avec les transports en commun mais sans la kippa : « Et je conseille à tous les élèves de ne pas mettre leur kippa à l’extérieur ».Sarcelles, c’est grand comme Colmar. Une des victimes d’Amedy Coulibaly à l’Hyper Cacher était de Sarcelles, la « première communauté juive de France, devant Paris », estime Messod-Marcel Levy, un quart des soixante mille habitants. Un peu moins aujourd’hui avec les départs vers Israël, déjà observés après les attaques contre les commerces juifs à Sarcelles l’été dernier : « On n’a jamais vu autant de maisons à vendre », déplore une mère d’élève.
La psychose est là. Un parent d’élève a donné l’alerte jeudi après-midi après avoir vu un individu « louche » avec un couteau. Il s’agissait d’un militaire dans une voiture banalisée occupé à la dégustation d’une pomme.
Le matin, l’école avait reçu la visite du grand rabbin et du maire de Jerusalem.
« Ils font partie de l’établissement »
Elle juge « paradoxale », la présence de l’armée devant l’école de sa fille mais adresse ses « chaleureux remerciements » aux militaires. Le directeur qui se félicite des « gestes de sympathie des parents envers les militaires » a affecté une salle aux marsouins qui se relaient toutes les deux heures et les parents d’élèves assurent le ravitaillement en café et viennoiseries : « On est accueillis à bras ouverts », explique un officier du RMT. « Ils font partie de l’établissement », note le directeur adjoint.À Créteil, là où les Diables rouges sécurisent une école juive, c’est pareil. « Ils sont gavés par les mères juives », plaisante le responsable de la sécurité de l’école. La cantine de l’établissement prépare les repas du soir des sentinelles.
Affecté à la surveillance de six sites, le 152e régiment d’infanterie a pris ses quartiers à Brétigny-sur-Orge, sur une ancienne base aérienne : « On a même le chauffage », précise un officier. La relève ? On ne sait pas encore quand elle interviendra.
http://www.dna.fr/defense/2015/01/24/les-sentinelles-d-alsace
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