jeudi 13 novembre 2014

La France a-t-elle encore les moyens de faire la guerre?

Où trouver l'argent nécessaire pour boucler le budget? La question se pose à chaque fin d'année et comme à chaque fois c'est un véritable casse-tête pour le gouvernement. Ce mercredi en Conseil des ministres, l'exécutif va plancher cette épineuse question. En effet, le projet de loi de finances rectificative est à l'ordre du jour. Selon Les Echos, il prévoirait 2,2 milliards d’euros d’annulations de crédits afin de compenser le dérapage de certains budgets ministériels, tout cela dans le but de satisfaire la Commission européenne.

"La France a les moyens de tenir ses opérations"

Et si le gouvernement est dans l'obligation d'opérer de nouvelles coupes c'est en grande partie dû au dérapage du budget de la Défense. En cause : les opérations extérieures au Mali, en Centrafrique et en Irak. En effet, au départ, la loi de finances prévoyait 450 millions d'euros de budget, mais les "opex" devraient finalement s'élever à au moins 1,1 milliard d'euros. Dès lors, se pose la question suivante : la France a-t-elle toujours les moyens de faire la guerre? Pour Eduardo Rihan-Cypel, député socialiste et membre de la commission de la Défense à l'Assemblée Nationale pas de doute : "la France n'intervient pas pour faire semblant et elle n'engage pas ses soldats sans avoir les moyens de le faire".
Sur RMC, il ajoute qu'"au Mali comme en Irak et en Centrafrique, la France a les moyens de tenir ses opérations sans quoi elle ne les ferait pas". Il certifie enfin que "le budget que nous avons voté jusqu'à 2019 permet justement de répondre à ce type d'opération. Aucune décision qui mettrait en danger soit nos armées, soit nos soldats serait prise parce qu'il manquerait ici ou là du financement pour les assurer. Tout cela est pensé à l'avance et nous ne prenons pas ces décisions à la légère".

"Nous sommes une petite armée"

Pourtant, certains ne sont pas du même avis. C'est notamment le cas du général Vincent Desportes. Dans Bourdin Direct, cet ancien directeur de l'Ecole de Guerre et professeur de stratégie à Sciences-Po se veut très clair : "Nous n'avons plus les moyens de conduire ces différentes opérations". Selon ce militaire, "on déshabille Paul pour habiller Jacques". Il s'explique : "On fait l'opération au Mali mais comme nous n'avons plus suffisamment d'effectifs on envoie ces soldats en République centrafricaine. Puis on enlève des effectifs en Centrafrique pour aller renforcer l'opération Barkhane au Mali. Donc on voit bien que l'on est en train de courir après les opérations sans avoir les moyens de les terminer".
Pire, pour le général Desportes, "nous sommes une petite armée, une armée bonsaï ou presque une armée 'Canada Dry'. On ressemble à une armée mais sans en avoir véritablement les moyens." S'il estime que "nous sommes capables de gagner des batailles" en revanche, selon lui, "nous ne sommes pas capables de poursuivre des opérations sur le long terme".

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