Du 2 au 18 août, 10 000 trains vont sillonner la France pour transporter près de trois millions de réservistes qui seront équipés, armés, puis plongés dans la bataille.
« Lundi 3 août. À 7 heures, d’après mon livret, je dois me trouver porte de la Villette pour être ensuite dirigé vers Toul. La rue de Flandre n’est qu’une longue procession de réservistes se rendant au lieu de rassemblement. Un premier train est formé. Nous montons à 40 dans un wagon à bestiaux. Il y en a plus de 35 accrochés les uns derrière les autres. Chacun est encore sous le coup de l’émotion de la séparation. »
Ces mots sont extraits du carnet de guerre de Louis Edinger1, un réserviste comme les autres. À l’été 1914, il a 34 ans, est marié et père de deux enfants et a, depuis longtemps, terminé son service militaire.
Moins d’un mois après, il est au combat en Lorraine, avec ses camarades du 226e régiment d’infanterie, formé de réservistes de 24 à 34 ans.
« Mardi 25 août – Réveil à 5 heures, on nous distribue de l’alcool…Nous partons en ligne de bataille…La mitraille commence à tomber autour de nous. Malgré cela, nous trouvons un puits, remplissons tranquillement nos bidons.
Mais bientôt, une grêle de balles s’abat sur nous. Le tambour qui est à côté de moi tombe, le poignet fracassé par un éclat. Un sergent est soulevé à cinq mètres de hauteur par le déplacement d’air et retombe indemne, il est blessé peu après par une balle (…) Notre capitaine est emmené, l’épaule fracassée.
Les hommes tombent comme des mouches, terrassés par les balles. À Haraucourt où les brancardiers amènent les blessés, le spectacle est horrible. Nous nous comptons, il manque à peu près la moitié de l’effectif ; ceux qui se retrouvent se serrent la main, s’embrassent. Le colonel est blessé. Dans notre compagnie, il ne reste pas un officier, le commandant est mort. C’est le sergent-major qui commande la compagnie. »
http://www.defense.gouv.fr/terre/a-la-une/aout-1914-carnet-de-guerre-d-un-reserviste
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