Jérôme scrute l’écran d’ordinateur. Employé à France Pare-brises, place de Verdun, à 200 mètres de la 1ere brigade mécanisée de Châlons, l’employé ne pensait pas tomber sur un tel chiffre. Un quart de sa clientèle depuis janvier concerne… des militaires de Châlons. « Habituellement, il est un peu moindre mais depuis janvier 2014 il est celui-là. » Jérôme ne met pas deux secondes pour glisser sa vision de l’avenir. « Si les militaires devaient quitter la ville, ce serait une catastrophe. Nous, on s’en sortira toujours mais ce ne sera pas le cas pour tout le monde. » Pour le coiffeur installé à 50 mètres à peine de la 1ere BM, même propos. « Ce n’est pas le moment de perdre sa clientèle. Ce serait un vrai coup dur. »
La responsable de l’établissement installé au cœur du centre commercial Match évalue à un tiers sa clientèle militaire. « Quand il vient, c’est aussi avec le conjoint et les enfants. » Au sein du supermarché Match, une trentaine d’hommes en kaki viennent chaque soir faire quelques courses. « Parfois même, le plein quand il y a des journées consacrées au recensement. » Et c’est aussi pour eux que Match ouvre jusqu’à 19 h 30. Au total, ils sont encore 3100 militaires à rester à Châlons. Ils vivent en caserne mais aussi, pour beaucoup, en location près du centre-ville et à Saint-Memmie. Ils font vivre le marché immobilier. Leur départ pourrait le déstabiliser, précisément celui de la location avec une baisse des loyers. Les professionnels, qui rencontrent déjà des difficultés à faire vivre leur secteur, ne préfèrent pas trop s’étendre sur la question. Pourtant, à demi-mot, ils savent que la fin des militaires ferait chuter les loyers, mettrait en difficulté des propriétaires.
700 emplois directs
Les 3100 militaires créent aussi quelque 700 emplois indirects à Châlons. Ils animent les structures sportives comme la piscine olympique où un créneau leur est réservé les mercredis de 7 à 9 heures. « À la grande époque, il commençait même à 4 heures… Et on leur réservait aussi des lignes d’eau lors de séances publiques », se souvient une employée. Et c’est sans compter les 1 142 enfants des militaires qui se rendent dans les écoles du centre et des communes alentour. Leur récent départ a déjà rimé avec fermeture de classe.À la Ville, on ose encore croire que rien n’est joué. « Le déplacement coûte cher, les bâtiments vides encore plus », précise-t-on au cabinet du maire. Souvent invendables, ils deviennent des verrues urbaines, un boulet pour l’État. À l’instar de l’ancien mess des officiers, que la Ville a finalement acquis, ou encore de l’ancien site qui accueillait le 1er Rama de Laon-Couvron avant qu’il ne parte pour Châlons. Les 10 M € posés sur la table par l’État pour trouver une seconde vie au lieu n’ont pas suffi. Les projets à Laon-Couvron sont toujours en cours. « Et finalement, conclut le cabinet du maire, l’armée n’y gagne pas grand-chose. » Ce qui donne une raison d’espérer à la Ville qui en a bien besoin. Elle risque aussi de perdre son rôle de préfecture avec la réforme territoriale. De quoi inquiéter.
http://www.lunion.presse.fr/accueil/les-commercants-craignent-le-depart-des-militaires-ia0b0n384154
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