vendredi 25 juillet 2014

Jean-Claude Marmier : mort d’une figure de la montagne

Militaire de carrière et parmi les meilleurs alpinistes français des années 70, fort en gueule et fidèle en amitié, Jean-Claude Marmier est mort ce jeudi à l’âge de 71 ans. Fondateur du Groupe militaire de haute montagne (GMHM), la patrouille de France des cimes en 1976, ancien président de la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME), le « colonel » Marmier avait notamment créé les piolets d’or, les oscars de l’alpinisme international. Depuis une dizaine d’années, il s’était pris de passion pour la course à pied sur les sentiers d’altitude et avait participé au lancement de l’Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB). C’est justement en repérage sur les hauteurs de Sainte-Foy en Tarentaise (Savoie) pour la Petite trotte à Léon, l’une des épreuves de cet événement planétaire, celle qui lui ressemblait le plus, en autonomie, qu’il a été victime d’un malaise. Parisien d’origine, c’est lors des conférences des grandes expéditions françaises à la salle Pleyel, que Jean-Claude Marmier eut la révélation, à l’adolescence.
Diplômé de Saint-Cyr, il va mener de front ces deux carrières jusqu’à les conjuguer : l’armée dans les chasseurs alpins et l’alpinisme de haut niveau. En poste à Briançon, en 1969 il signe une première retentissante à la voie des Plaques à l’Ailefroide occidentale. Deux ans plus tard, il souffle à René Desmaison, la première hivernale de l’éperon Croz aux Grandes Jorasses. On citera aussi son ascension hivernale de la directe de la face nord de la Meije qui contribua à le faire rentrer dans le gotha de la montagne. Sa carrière militaire sera toujours orientée vers le relief entre Briançon, l’école militaire de haute montagne à Chamonix ou encore Montlouis dans les Pyrénées orientales. Mais c’est l’Oisans qui restera son massif chéri et nombreux furent les appelés du 159e régiment d’infanterie alpine de Briançon qui ont gardé en mémoire cet officier au franc parler légendaire et aux amitiés viriles, dormant dans un hamac sur sa terrasse pour s’aguerrir au froid. En 1976 pour redorer le blason des chasseurs alpins on lui confie la création d’une unité d’élite de l’armée de terre : le Groupe militaire de haute montagne.
Ce GMHM est une équipe de France d’alpinistes qui depuis près de 40 ans s’est distinguée sur les plus hauts sommets du monde, devenant un laboratoire d’expérimentation en milieu extrême pour l’Armée. C’est lui qui signera l’ordre de mission au chasseur Christophe Profit, jeune appelé du contingent, parti gravir en solo intégral la face ouest des Drus en 1983. Jean-Christophe Lafaille, Eric Escoffier ou encore François Marsigny ont évolué sous le commandement de ce chef de cordée qui quittera l’institution sans avoir tenté l’école de guerre. Les ambitions de «généralisable» ne lui ont guère effleuré l’esprit. Par la suite il mettra ses compétences et son charisme au service des grandes institutions de la montagne française.

http://www.ledauphine.com/montagne/2014/07/25/jean-claude-marmier-mort-d-une-figure-de-la-montagne

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire