lundi 12 mai 2014

Des militaires payés pour grimper les plus hauts sommets du monde

Actuellement en expédition en Chine, les alpinistes d’élite du GMHM (Groupe militaire de haute montagne) partent depuis 38 ans à l’assaut des sommets et déserts glacés du globe, en vue d’éventuelles applications opérationnelles…
Le GMHM (Groupe militaire de haute montagne) mène depuis début avril une expédition en Chine, pour la deuxième année consécutive. Cinq membres de l’équipe réalisent l’ascension de la face sud du Shishapangma (8027 m) après une première tentative avortée en 2013, en raison de la météo. Un nouvel exploit à mettre à l’actif de ce groupe qui, depuis sa création en 1976, gravit les plus hauts sommets et traverse les déserts de glace les plus hostiles, de l’Himalaya à la Patagonie en passant par les pôles Nord et Sud.

Expérimentation des techniques et savoir-faire

Rattaché à la 27e Brigade d’infanterie de montagne de Varces (Isère), le GMHM est composé de dix hommes, tous guides ou futurs guides de haute montagne, voire moniteurs de ski. Ceux-ci doivent être «très autonomes au niveau montagne et capables de s’intégrer dans une équipe», souligne le commandant Jean-Yves Igonenc, chargé de l’administration et la logistique.
 «Le rôle du GMHM est d’occuper le créneau de la maîtrise par l’homme des conditions physiques et climatiques extrêmes en milieu terrestre», précise-t-il. Cela se décline en diverses missions: «le rayonnement de l’armée de terre, la constitution d’un vivier de spécialistes des conditions extrêmes, la recherche, le développement et l’expérimentation des techniques et savoir-faire.» Exemples: «le développement de vestes et matériel, l’alimentation, l’utilisation de gaz ou d’essence en altitude, les techniques de stockage d’énergie dans la durée…» Des tests qui n’ont «pas forcément de retombées immédiates».

Se protéger de l’ours au Groenland servira aux commandos en Afghanistan

«Il y a aussi un volet médical afin d’améliorer la connaissance des réactions de l’homme en milieu extrême, poursuit le commandant Igonenc. Actuellement, l’expédition en Chine est partie avec un médecin testant un protocole sur les problèmes de mémoire en hypoxie.» L’expérience observée sur un «8000» pourra «servir à un pilote d’avion qui a une panne de circuit d’oxygène et doit prendre une décision».
Dernière mission, «la transmission de savoir-faire aux unités dans la préparation opérationnelle». Chaque année, le GMHM et les commandos montagne effectuent ainsi un raid conjoint de 21 jours au Groenland ou en Norvège, en autonomie complète. «On leur montre comment monter les tentes, s’alimenter, modifier les chaussures pour mettre les skis, utiliser un réchaud en économisant le gaz, explique le commandant Igonenc. Au Groenland, il faut aussi se protéger de l’ours avec un cordon de sécurité autour du bivouac. On ne dort pas sereinement la nuit et les commandos retrouvent cette tension quand ils sont en Afghanistan.»

La cordillère de Darwin, «l’une des dernières terres inconnues»

Depuis sa création, le GMHM a mené une trentaine d’expéditions. Parmi les plus marquantes, selon le commandant Igonenc, le Challenge des trois pôles (1993-1999) soit l’Everest et les pôles Nord et Sud en autonomie complète et sans oxygène, le Kamet (Inde) en 2012 et la traversée de la cordillère de Darwin (Chili) en 2011, qui a donné lieu à plusieurs innovations. «C’était l’une des dernières terres inconnues, on avait donc très peu d’infos et des cartes imprécises. Le groupe a racheté des photos aériennes à l’armée chilienne et recréé une carte avec un relief de Google Earth. Ensuite, ces infos ont été rentrées dans un iPhone et Magellan [société spécialisée dans les systèmes de navigation GPS] nous a développé un boîtier étanche avec antenne satellite.»
 Le GMHM fonctionne généralement sur des cycles de cinq ans, dont le dernier a débuté avant le Kamet. «Actuellement, quatre ou cinq hommes sont à fond sur l’Himalaya et les autres continuent à engranger des savoir-faire (escalade, glace, rocher…)», explique encore leur responsable. Prochain objectif pour ces derniers: la Patagonie, en fin d’année.

http://www.20minutes.fr/societe/1373013-20140512-militaires-payes-grimper-plus-hauts-sommets-monde

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire