mardi 24 décembre 2013

Bug informatique : des soldats de Castelsarrasin doivent rendre leur solde

À la veille des fêtes de Noël, Laurent (1), sous-officier au centre d’instruction élémentaire de conduite (CIEC) de Castelsarrasin (un des cinq centres du pays où passent 2 000 stagiaires par an, NDLR), ne s’attendait pas à ce que l’État lui réclame des milliers d’euros de trop-perçus.
Victime d’un bug informatique du logiciel Louvois, le système de paiement des soldes de l’armée, le militaire castelsarrasinois ne serait pas le seul à avoir reçu, ce mois-ci, un tel courrier dans la garnison.

«Ils me demandent de rembourser plus de 6 000 €!»

«Il y a la queue chez l’assistante sociale du 31e régiment du génie, certifie le militaire, qui a déjà vingt ans de carrière derrière lui. Rien qu’au CIEC d’Arséguets, qui est une petite structure, je connais quatre ou cinq collègues qui sont dans le même cas.» Les 68 militaires du CIEC qui dépendent de la base de défense de Montauban depuis leur transfert de Châteauroux vers le Tarn-et-Garonne à l’été 2012, ont donc décidé de briser le silence de la Grande muette. «Je ne sais pas comment faire pour rembourser plus de 6 000 €», assure Laurent, qui a proposé un échelonnement de sa «dette» sur plusieurs années. Le sous-officier pointe également un autre problème de taille que l’État feindrait d’ignorer : celui de la fiscalité déjà réglée sur ces trop-perçus. «Cet argent qui nous a été viré en plus nous a fait basculer dans une autre tranche d’impôt. Est-ce que le fisc va régulariser la situation ?», s’interroge légitimement le militaire. D’autant que les sapeurs castelsarrasinois, qui ne seraient pas les seuls dans le pays à se retrouver dans la même situation, ont de quoi être exaspérés (65 000 militaires seraient concernés). Il y a deux ans, en effet, certains d’entre eux s’étaient retrouvés dans la situation inverse, privés de leur solde. Durant l’automne 2011, le colonel Francis Contamin avait mobilisé la cellule d’aide aux familles du 31e régiment du génie pour venir au soutien de familles qui n’étaient plus en mesure d’honorer, pour certaines, leur loyer ou leur facture d’électricité. Une situation d’autant plus difficile que de nombreuses femmes de militaires, avec à charge leurs enfants, étaient seules pour régler les découverts bancaires, leur conjoint étant, à l’époque, en opération en Afghanistan.

«Des cas marginaux» selon l'état-major du 31e RG

Joint, le commandant Jean-François Laporte, chef du cabinet du chef de corps du régiment, se disait surpris de nos informations. «À ma connaissance, la situation que vous évoquez dans le régiment demeure très marginale.» Et de conclure : «S’il y a effectivement des cas de demande de trop-perçus, notre cellule d’aide est là pour éviter le surendettement des familles de militaires et échelonner les éventuels remboursements.»
Selon nos sources, l’État, qui a, en effet, géré les défaillances du logiciel de paiement des soldes pour régler au plus vite les salaires oubliés, voudrait désormais récupérer rapidement 130 millions d’euros de trop-perçus. «C’est tout de même l’argent du contribuable, affirmait un officier qui gère ces recouvrements. C’est normal que l’État veuille récupérer ces millions d’euros versés par erreur. Il y a toutefois, convenait-il, l’art et la manière de le faire…»
1 : afin de préserver l’anonymat de notre source, nous avons volontairement modifié son nom.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/12/24/1781715-castelsarrasin-victime-bug-informatique-etat-reclame-trop-percus.html

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