samedi 9 novembre 2013

Une journée embarqués dans les grandes manœuvres du RMT

Le régiment de marche du Tchad poursuit depuis mardi son premier grand exercice en zone civile dans la région, rebaptisée « Cigoland » dans le cadre d’une simulation d’intervention à l’étranger. Nous avons suivi jeudi quelques-uns des 700 hommes mobilisés, en quête d’action…

On a longtemps cru que le « Cigoland » allait se transformer en désert des Tartares, au troisième jour de l’exercice « Serment de Koufra », qui marque le 70e anniversaire de la création du régiment de marche du Tchad, basé à Meyenheim ( L’Alsace de mercredi).
Après une nuit passée en extérieur, le programme de ce jeudi débute par le franchissement de l’ancien canal du Rhône-au-Rhin (la branche qui reliait Île-Napoléon à Strasbourg), entre Dessenheim et Obersaasheim. La quasi-totalité des forces participant à l’exercice est rassemblée pour l’occasion : une soixantaine de véhicules doit passer sur le pont éphémère jeté par-dessus le canal par un des systèmes de pose rapide de travure (Sprat) dont le 13régiment du génie de Valdahon a l’exclusivité. Ce système, adapté à tous les engins actuels de l’armée française, se déploie en quelques minutes seulement, mais le défilé des blindés, jeeps et camions, s’avère poussif. En temps de paix, nous explique-t-on, on évite de prendre le moindre risque…
On évite de prendre le moindre risque
Deux heures plus tard, nous embarquons à bord d’un VBCI (véhicule blindé de combat d’infante-rie) de la 2ecompagnie. Direction Soultzmatt, à la recherche d’une cache d’armes des rebelles du « Dromadistan », pays où la France a décidé d’intervenir pour soutenir l’État de droit.
Il faut encore quasiment trois heures pour effectuer les 25 km nécessaires, avec une longue pause à Rouffach, « point de dislocation » du convoi. Dans les blindés, les soldats rattrapent le sommeil en retard, piochent dans leurs rations de combat. Arrivé sur zone, notre groupe poursuit à pied, à travers le village puis la forêt qui le domine. La montée est abrupte, le terrain glissant, mais on se fie aux informations fournies par les services de renseignements pour progresser sans trop d’inquiétudes. À l’approche de l’objectif, situé dans une usine désaffectée en contrebas, difficilement accessible depuis notre versant, la confusion s’installe : un pas en avant, un pas en arrière, puis notre mortier est censé éliminer des ennemis signalés sur deux jeeps, dans un recoin invisible de notre position. Tout ça pour ça ?
Un hélicoptère passe et repasse au-dessus de nos têtes ; d’autres groupes, ailleurs, seraient en première ligne. On se dit que l’on va passer à côté de l’action, quand trois des « nôtres » plongent vers les bâtiments, trouvent une issue, débouchent sur une cour… C’est soudain le face-à-face avec l’ennemi, joué par des camarades en tenues panachées – treillis et sweats à capuches. La tension monte en flèche, les armes – fusils, mitrailleuses, grenades – se font entendre dans un fracas monstrueux (même si ça tire à blanc, évidemment). Les fumigènes et les cris dispersés finissent de nous faire perdre nos repères. Après une série de tirs à couvert, l’assaut est donné, bref mais intense.
Alors que la situation, dans la pénombre d’un hangar, nous paraît inextricable, l’adjudant-chef Bottino, casque antibruit sur les oreilles, joue les arbitres, comptant les morts et les blessés. Après nettoyage des divers bâtiments, les rebelles sont éliminés jusqu’au dernier, mais le RMT, bien que très supérieur en nombre, recense aussi de nombreuses pertes. Les pièges disséminés par les « terroristes » – mines antipersonnel, engins explosifs improvisés – ont parfaitement fonctionné, comme le constate l’adjudant Helbicq, un spécialiste du 13e RG.
Des leçons à tirer
Il y aura là matière à « Retex » (retour d’expérience), une fois l’exercice terminé. Mais jeudi soir, la vallée de Soultzmatt à peine sécurisée, la suite se jouait déjà en plaine : du côté de Grussenheim, une vingtaine de « packs » devaient être héliportés, afin de récupérer un pilote d’hélicoptère et de détruire la carcasse de son aéronef… Le rythme de la guerre est imprévisible.

http://www.lalsace.fr/actualite/2013/11/09/une-journee-embarques-dans-les-grandes-manoeuvres-du-rmt

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