dimanche 24 novembre 2013

Pourquoi Bangui ne sera pas Bamako?

Le Conseil de sécurité des Nations unies débattra lundi de la meilleure option possible pour sortir la Centrafrique de la tragédie. Pour la France, qui n'a cessé de tirer la sonnette d'alarme, il faut agir vite : "Ce pays est en train de devenir l'aspirateur à crises du cœur de l'Afrique", confie un proche du ministre de la Défense au JDD. Jean-Yves Le Drian a présenté mercredi plusieurs scénarios au président de la République. Un premier groupe de 250 soldats français est en cours d'acheminement avec pour mission de préparer le déploiement de nouveaux effectifs dans le pays dès qu'une nouvelle résolution sera votée aux Nations unies, accordant "un mandat robuste" aux forces d'intervention. Un vote attendu dès cette semaine, certainement avant le sommet spécial de l'Élysée du 6 décembre consacré à la sécurité en Afrique et qui regroupera à Paris tous les pays du continent.
"Nous n'aurons pas besoin d'autant d'hommes et de blindés qu'au Mali, poursuit notre source, car en face, ils ne combattront pas, personne ne viendra se jeter sur nos colonnes." Allusion aux troupes de la Séléka, cette coalition hétéroclite de rebelles qui a amené l'actuel président, Michel Djotodia, au pouvoir et qui refuse depuis d'être désarmée et sème la terreur à travers tout le pays. Autrement dit, l'opération en Centrafrique tiendrait davantage de l'opération de police que de l'intervention armée pour détruire un ennemi bien ciblé. Il s'agira avant tout de ramener l'ordre à Bangui et sur les grands axes qui conduisent vers le Cameroun et le Tchad, deux pays clés pour l'approvisionnement de la Centrafrique, deux nations qui devraient renforcer leurs effectifs au sein de la mission des forces africaines appelée à prendre le relais des Français.
Fallait-il pour autant mettre en garde la communauté internationale contre un risque "génocidaire" ou évoquer des pratiques "prégénocidaires" dans le pays, comme l'ont fait le Quai d'Orsay et le ministère de la Défense? "Tous ceux qui ont critiqué l'usage de ces termes auraient été les premiers à nous dénoncer dès les premiers crimes commis si nous n'avons rien fait", rétorque-t-on dans l'entourage de Laurent Fabius, où l'on ne tenait pas visiblement à se retrouver coresponsable d'un nouveau Rwanda ou d'un autre Darfour.

"Visible, massive et bruyante"

Notre intervention sera "visible, massive et bruyante", dit-on au ministère de la Défense, où l'on est convaincu que la seule présence d'un millier de soldats français aura "valeur dissuasive". Ce qui pourrait se comparer au Mali, en revanche, c'est le "jour d'après", lorsqu'on se rendra compte que les forces africaines censées relayer l'action des Français ne seront pas suffisamment formées et équipées pour tenir tête à un retour des fauteurs de troubles. On vote en effet aujourd'hui pour le premier tour des législatives, aboutissement des succès de l'opération Serval, mais dans la boucle du Niger et au nord des djihadistes continuent de menacer le processus fragile de la normalisation démocratique.
 

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