vendredi 21 juin 2013

Femme de tête pour hommes de troupe

Le treillis cache une silhouette frêle. Le képi tombe sur des yeux clairs, des cheveux blonds. La Grande Muette n’a pas bridé la parole de cet officier supérieur de 42 ans, épouse de militaire, maman de deux petites filles.
Troisième femme à accéder aux fonctions de chef de corps dans l’armée de terre, le lieutenant-colonel Anne-Cécile Ortemann bouscule le rang. « Ça surprend », concède-t-elle, la mine pétillante, en rien revancharde. Elle prend le commandement du 40e régiment de transmissions de Thionville aujourd’hui. Elle connaît déjà ses soldats pour avoir occupé la 3e place de ce régiment il y a quelques années. « Ça apporte un capital confiance. »
La Saint-Cyrienne, d’origine nantaise, affiche une carrière exemplaire. Une sérénité impressionnante. Le choix de s’orienter vers le commandement s’est fait en douceur, progressivement. Obtenant ses galons sur le terrain (à Compiègne, à Lunéville, en opérations extérieures) puis dans les bureaux de l’Etat-major. « C’est aussi un choix de vie qui n’est pas celui de toutes les femmes. » Elle s’en est donné les moyens, au prix de quelques sacrifices. « Les compétences, l’expérience, les qualifications balaient le reste. » Et les questionnements sur sa légitimité aux yeux d’une armée qui ne compte que 12 % de femmes. Ce chiffre, en progression, ne devrait bientôt plus faire du « cas » Ortemann une exception.
Son mental béton, sa volonté de fer ne parviennent pas à masquer la fierté d’une femme comblée. « Le commandement d’un régiment, c’est formidable. » Mais ce n’est pas de voir 900 personnels sous ses ordres, au garde-à-vous, qui la fait rêver. Le pouvoir non plus. « J’aime être au contact des gens, de la société. On replonge dans la réalité de terrain , note-t-elle. Le chef doit inspirer la confiance, la notion de modèle. »

Sur tous les fronts

Hasard, elle marche ces dernières années dans les pas de son prédécesseur, le colonel Thierry Naville, chef du 40e RT sur le départ. « Nous nous connaissons depuis l’époque où nous étions élèves à Saint-Cyr », raconte le colonel. Une
promotion
les sépare. Le lieutenant-colonel Ortemann lui a succédé au Bureau opération instruction du 40e RT, puis à l’Etat-major des armées, avant de le relever une nouvelle fois à Thionville.

L’officier supérieur débarque à la tête du 40e dans un contexte particulier, dans une armée en restructuration, « où on revoit la manière de faire, les façons de travailler. »
Des points chauds vont rythmer les débuts de sa mission. Comme l’instruction de jeunes recrues qui arriveront au 1er juillet et la formation régulière des présents. Par ailleurs, elle supervisera l’entraînement, la validation d’aptitude des troupes qui partiront au Mali à la fin de l’été. 89 soldats sont concernés. « Tout le monde se prépare. On préfère prendre l’hypothèse haute. »
Enfin, dès septembre, d’autres militaires du régiment, déjà désignés, commenceront leur préparation en vue d’un départ au Liban en janvier 2014 « en soutien à l’Etat-major présent sur place ». Le 40e RT de Thionville intervient dans de nombreux pays sensibles. « Des transmissions, il y en a besoin partout. » Le lieutenant-colonel Ortemann sait qu’elle devra être présente sur tous les fronts. Et c’est justement ça qui l’enthousiasme.
« En opération, on sait quand on part, pas quand on revient. » Elle sait qu’elle a signé à Thionville pour deux ans

http://www.republicain-lorrain.fr/moselle/2013/06/21/femme-de-tete-pour-hommes-de-troupe

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