vendredi 22 février 2013

Mali. La stratégie des terroristes face aux Français

Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a revendiqué les attaques de jeudi à Gao et Kidal.
À Gao, un groupe de combattants islamistes s’est infiltré dans la ville avant d’en être chassé par les troupes françaises, maliennes et nigériennes. Deux soldats français et quatre Maliens ont été légèrement blessés selon l’EMA qui annonce aussi la mort d’au moins une quinzaine de « terroristes ».
À Kidal (200 km au nord de Gao), c’est un kamikaze qui aurait fait exploser sa voiture piégée, tuant le gardien d’un dépôt de carburant situé à quelques centaines de mètres de l’aérodrome tenu par les Français et les Tchadiens. « Nous sommes arrivés à rentrer sans aucun problème à l'intérieur de Kidal même pour faire exploser comme prévu un véhicule. (...) D'autres explosions auront lieu sur tout notre territoire », a affirmé un porte-parole du Mujao.
Convergences des crises
Dans son communiqué adressé à l’Agence France Presse, il a précisé : « c'est une bataille qui ne fait que commencer », et affirmé qu'à compter de « ce jour, il n'y a plus de Mujao, d'Ansar Dine, de Boko Haram, mais des moujahidine qui vont frapper à Gao, à Tombouctou, et à Kidal », les trois grandes villes du nord du Mali libérées par les unités franco-maliennes. D’où la confirmation de cette imbrication terroriste que craignaient et qu’annonçaient certains spécialistes.
La stratégie du Mujao, totalement prévisible et fort heureusement anticipée par les forces françaises, est indiscutablement à visée terroriste. Elle implique le refus du combat rapproché ; elle recourt au harcèlement et aux attaques suicide. Elle vise à susciter l’insécurité, voire la panique, dans les centres urbains où se concentrent la population et les contingents français et africains qui soutiennent l’armée malienne.
Stratégie de la rétention
Elle vise aussi à « fixer » l’armée française autour de Gao et à l’immobiliser dans une guerre qui préviendrait le déploiement de ses groupements tactiques inter-armes blindés (GTIA) plus au nord, dans la région de Tessalit où sont embusqués des groupes islamistes et où se terrent, peut-être, les ravisseurs des otages français. Ce vendredi matin, une voiture piégée y a explosé, faisant au moins 5 morts.
Déjà les forces franco-tchadiennes intensifient leurs activités offensives, au risque de sérieux accrochages avec les djihadistes. Depuis mardi, les opérations au sud de Tessalit ont coûté la vie à un légionnaire français et permis de « neutraliser » une trentaine d’ennemis. Mais les massifs à fouiller sont immenses et leur quadrillage exige des moyens humains.
L’armée française dispose d’un contingent réduit à Kidal où stationnent 1 800 soldats tchadiens. Le gros des forces françaises est positionné à Gao (2 000 hommes environs, avec le GTIA2 en particulier) et à Tessalit où sont positionnés un contingent des forces spéciales, un GTIA TAP (parachutistes) et un élément blindé du 1er RIMa. Or, c’est dans ce secteur que l’effort doit se porter et que des nouvelles forces venues de Gao doivent se déployer.
 

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