samedi 10 novembre 2012

Duteil rend hommage à Dreyfus, son grand-oncle

Alfred Dreyfus a servi dans l'artillerie sur le Chemin des Dames. A quelques jours du 94e anniversaire de l'Armistice du 11 novembre 1918, le chanteur Yves Duteil évoque son grand-oncle.
C'EST un homme simple qui s'exprime d'une voix mélodieuse. Yves Duteil se montre disponible et précis pour décrire avec émotion une personnalité au cœur de son histoire familiale. Alfred Dreyfus a servi comme commandant dans l'Aisne en 1917.Le chanteur-compositeur confie, avec gentillesse, son analyse sur un homme et son époque.
l'union : Vous avez comme grand oncle Alfred Dreyfus. Comment vivez-vous ce lien avec le symbole de l'injustice ?
Yves Duteil : Cela a dû m'insuffler un sentiment très profond de désir de justice. Il ne peut pas y avoir de transmission par le sang. Mais c'est une mission qui se transmet à travers une histoire aussi dense et profonde. Elle a mobilisé toute une époque et elle est très forte en symbole. Je me sens comme l'héritier de cette soif de vérité.

Le piège
Alfred Dreyfus s'est investi à la défense de Paris en 1914 et il a préparé l'offensive du Chemin des Dames en mars 1917. Est-ce que la mémoire familiale vous a retransmis son rôle à cette époque ?
Très franchement, pas sous cet aspect. Suite à notre premier contact, j'ai été sur Internet pour voir ce dont il s'agissait. Sa vie ressemble à un puzzle dont on découvre sans arrêt de nouvelles pièces. Je savais que c'était un patriote ardent et qu'il manifestait une loyauté inaltérable vis-à-vis de la France. Même au-delà de la condamnation, du calvaire qu'il a subi. Il n'avait de cesse de retourner au front, d'être un soldat actif pour défendre son pays. Mais je ne connaissais pas les épisodes du Chemin des Dames.

Il a ainsi écrit le 5 avril 1917 : « J'ai été voir le tir d'une pièce de 340, (27 km de portée) tirant sur la gare et les embranchements de Laon et des obusiers à 1500 mètres à l'ouest de notre bivouac. »
Oui, tout à fait, j'ai aussi découvert cette phrase. Dreyfus a beaucoup écrit. Il a rédigé en fait une sorte de testament de sa vie. Je crois qu'il avait aussi besoin d'exprimer une existence concrète. Il a quand même été enfermé et tenu au secret pendant bien des années, une période pendant laquelle il était le seul à ne pas pouvoir s'exprimer sur l'affaire Dreyfus. Il avait besoin de combler ce vide par une présence, peut-être symbolique des livres comme Cinq ans de ma vie ou des lettres échangées avec sa femme Lucie. Dans la famille, nous l'appelons l'épouse admirable. Certaines phrases de lui sont restées gravées dans la mémoire familiale comme celle où il parle de l'intangible souveraineté de l'âme. On sent qu'il a besoin de livrer sa part de vérité dans ce qui aura été un des dossiers les plus complexes du siècle où il y a eu autant de mensonges, de calomnies que de fausses pistes.

Vous avez évoqué l'épouse d'Alfred Dreyfus. J'ai vu qu'elle a été défendue par un avocat de Saint-Quentin, Me Henry Mornard. Cette personnalité est-elle connue de vous ?
Non, je connaissais les autres avocats qui ont défendu Dreyfus mais pas celui-là. C'est incroyable depuis que j'ai écrit cette chanson sur Dreyfus, j'ai reçu énormément de documents divers, étranges. Avec eux, on découvre un petit morceau de l'histoire… y compris une polémique sur le canon de 75 selon laquelle l'affaire Dreyfus serait un leurre pour cacher la construction de cette pièce d'artillerie. On a l'impression de lire des documents établis avec des preuves à l'appui et puis on sait, par les historiens que c'est totalement faux


http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/duteil-rend-hommage-a-dreyfus-son-grand-oncle?xtcr=2&xtmc=yves duteil

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire