CHAGNY (Ardennes). Le propriétaire du musée militaire va créer une deuxième salle dédiée à la Seconde Guerre mondiale en lieu et place de la réserve actuelle. Une entreprise au cœur de l'histoire qui relève du parcours du combattant.
A Chagny, passé le seuil de la grange rénovée, un panneau devrait prévenir les novices. L'exploration de la réserve du musée des Deux guerres mondiales requiert acuité visuelle, souplesse musculaire et précision du pas.
Le maître des lieux, Yohan Warnesson, est rompu à l'exercice. Déambulant dans une allée bordée d'un mètre soixante d'objets empilés aussi variés qu'une selle d'officier, des caisses de munitions ou des fusils de 1914, il sautille entre des obus posés en accordéon sur le sol tout en évitant un paquetage lui barrant la route. Même encerclé, rester concentré.
120 m2 de plus
Sur sa lancée, il remettra en place une poignée de douilles manquant de tomber du monticule de journaux jaunis tout en refermant une boîte à outils, avant d'atteindre, enfin, la Peugeot 202 trônant à l'entrée de la salle.
Et quelle salle ! 120 m2 où, non pas des centaines, mais un bon millier de pièces datant des deux guerres mondiales attendent d'être rénovées, nettoyées ou simplement exposées.
Un réservoir époustouflant qu'il va falloir pourtant débarrasser et réaménager : « Ça va devenir une seconde pièce d'exposition », explique-t-il, mi-enthousiaste mi-effarouché par l'ampleur de la tâche. Il entend en effet « terminer la pièce en janvier 2013 ». Au fond, une vitrine accueillant des uniformes d'officiers et des corps médicaux ainsi qu'une collection d'objets fabriqués dans les tranchées par les Poilus semblent déjà en ordre. « Ce seront les seules exceptions. Parce qu'ici, il n'y aura que des objets de la Deuxième guerre. »
Ça tombe bien, « les jeunes s'intéressent de plus en plus à la Seconde guerre mondiale », affirme cet habitué des bourses et rencontres de collectionneurs. « La Première, c'est un indémodable. Mais on revient à la Seconde, notamment 1940. Avant c'était la défaite, on n'aimait pas trop. C'était surtout les Américains qui avaient la cote. »
La salle complétera donc l'exposition permanente au premier étage dont une partie est consacrée à 1939-1945 (lire par ailleurs). Sur le même principe, ce passionné, agent de maintenance à la fondrerie PSA des Ayvelles, prévoit d'y faire cohabiter des pièces militaires avec des objets intimes, ayant appartenu aux soldats.
« Les gens aiment beaucoup. D'autant que ce n'est que du local. Les gens se souviennent de ce que leur racontait un arrière-grand-père ou un nom inscrit sur un livret militaire. » La transmission d'un patrimoine humain, voilà ce qui anime Yohan au travers de son musée.
Un blockhaus et des véhicules d'époque
Un respect de la mémoire qui impose un souci d'authenticité exacerbé. Pas de reproduction, seules des pièces rénovées seront exposées. Comme la fameuse Peugeot 202, future pièce maîtresse du rez-de-chaussée, exemple de réquisition de l'armée française en 1939. Ou bien cette moto Gnome et Rhone, premier modèle.
Une exigence qui nécessite un travail de recherche et de rigueur conséquent. Ainsi l'autochenille Citroën, récupérée chez un particulier en piteux état, est en train d'être refaite à neuf par un mécanicien et un menuisier sans l'aide d'aucuns plans originaux.
Une exception à la règle néanmoins : le blockhaus qu'est en train de construire M. Warnesson au fond de sa grange : « J'ai commandé chez un ami décorateur pour le cinéma la réplique d'une porte blindée ». Restera ensuite à meubler le lieu. « Oh, j'ai ce qu'il faut », rassure-t-il.
Car quand il n'y en a plus, il y en a encore. Une frénésie contractée depuis l'enfance qui dévore son temps et son porte-monnaie. En effet, ni le musée ni son extension ne bénéficient de fonds publics. Une telle passion, ça ne se chiffre pas.
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/le-musee-militaire-va-sagrandir
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