samedi 28 juillet 2012

Défense : le Sénat s'inquiète de coupes trop drastiques

La commission défense du Sénat, présidée par Jean-Louis Carrère, estime que l'effort de défense de la France ne doit pas tomber sous le seuil de 1,5% du PIB pour préserver le format et les missions des armées.

Dans un rapport qui représente sa contribution au futur livre blanc de la défense et de la sécurité nationale, la commission défense du Sénat estime «nécessaire de préserver un effort somme toute modeste de 1,5% du PIB pendant la période de crise» quitte à le relever «une fois la crise passée».
Présidée par Jean-Louis Carrère (PS), la commission juge ce seuil de 1,5% du PIB «incompressible». En deçà, «ce sont les ambitions de notre pays dans le monde qu'il conviendrait de réexaminer».
Déjà à près de 2% du PIB, l'effort de défense de la France ne comble pas certaines lacunes de nos armées, que ce soit en termes de capacité à remplir ses contrats ou d'équipements. L'armée de terre, par exemple, soulignait la Cour des comptes dans un récent rapport, «est incapable de déployer 30 000 hommes pendant un an à 7 000 km de ses bases».
La France, ainsi que les pays partenaires du programme, manque de moyens de transport de troupes et de matériels en raison du décalage du programme de l'Airbus militaire A400M. L'appareil, financé par sept pays (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Luxembourg et Turquie) a connu quatre ans de retard et des surcoûts de près de 6,2 milliards d'euros. Le premier appareil doit entrer en service dans l'armée de l'air au premier trimestre 2013.

«Une armée de poche performante mais vulnérable»

De même, la France, comme le reste de l'Europe, n'est pas encore autonome en matière de drones de surveillance, devenus incontournables dans les conflits d'aujourd'hui.
La commission de la défense du Sénat dénonce un «syndrome du paraître», un «effet Potemkine», qui, selon elle, «masquerait» le fait que «nos armées sont au bord du point de rupture». «La tendance au surcoût des équipements conduit à avoir une armée échantillonnaire» dotée de «quelques capacités polyvalentes». Elle poursuit son verdict en qualifiant nos troupes «d'armée de poche» certes performante, comme l'ont montré les succès en Libye ou en Côte d'Ivoire, mais «vulnérable». Le format de nos armées est en résumé tout juste suffisant.
Réduire le budget de la défense aurait donc des conséquences lourdes. D'autant que la marge de manœuvre est plus qu'étroite. Le nucléaire est sanctuarisé avec le maintien de ses deux composantes (aérienne et sous-marine). À cela s'ajoute «la nécessité de développer les moyens de renseignements, notamment depuis l'espace», note la commission du Sénat.
Ce sont donc les programmes non encore engagés qui sont menacés. Et au premier chef Scorpion, le programme de modernisation de l'armée de terre. Mais attention, soulignent les sénateurs, toute capacité abandonnée est définitivement perdue «sauf à accepter des surcoûts exorbitants et des délais insupportables».

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/07/26/20002-20120726ARTFIG00482-defense-le-senat-s-inquiete-de-coupes-trop-drastiques.php

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