«Je considère que la mission est achevée », assurait François Hollande le 2 mai en annonçant qu’il conviendrait « sans prendre le moindre risque pour nos troupes » de retirer les 3 400 soldats français encore présents en Afghanistand’iciàlafinde2012. Soit avec un an d’avance sur le calendrier annoncé en janvier par le président Sarkozy et même deux ans d’avance sur celui initialement fixé par l’Otan
Mais cette promesse—réaffirmée hier devant Obama à la Maison-Blanche— risque de se heurter au principe de réalité. Car il restera à coup sûr des soldats français en Afghanistan après 2012.Pour trois raisons.
La France a signé un traité d’amitié et de coopération. Signé le 27 janvier par le président Karzaï à l’Elysée, ce traité courra sur vingt ans et comporte un « volet militaire » avec la poursuite de la formation des forces de sécurité afghanes, l’armée nationale comme la police. Plusieurs centaines de militaires devraient donc rester sur place pour assurer sur le long terme cette formation et ce suivi. Le président Hollande a d’ailleurs assuré à son homologue américain qu’ « il y aurait toujours un soutien à l’Afghanistan sous une autre forme ».
Rapatrier le matériel prendra forcément du temps . Evacuer nos 3 400 soldats ne devrait nécessiter qu’une douzaine de rotations d’Airbus Paris-Kaboul. Mais c’est le matériel qui pose un problème. « Le temps logistique n’est pas le temps politique », explique-t-on à l’état-major des armées, en listant tout le matériel qu’il faudra bien ramener d’Afghanistan : 900 véhicules (dont 500 blindés), 1 400 conteneurs, 3 Mirage 2000 et 14 hélicoptères.Techniquement, ce retrait prendra du temps et coûtera cher. D’autant plus que la France ne dispose pas d’avions-cargos et devra sans doute louer des Antonov à 35 000 € l’heure de vol. La France pourrait aussi se heurter à l’engorgement des aéroports de Kaboul et de Bagram par lesquels transitent les 23 000 soldats américains devant quitter le pays d’ici à la fin de septembre.
L’impossible distinguo entre forces combattantes et non combattantes. « Sur un théâtre de guerre où il n’y a pas de front, il n’y a pas vraiment d’arrière et toutes nos forces ont vocation à combattre ou, au moins, à se défendre par les armes », explique un officier ayant déjà servi en Afghanistan. Vouloir faire la distinction entre les forces combattantes, qui seraient toutes retirées d’ici à la fin de l’année, et les autres est une illusion. Car il faudra bien des soldats en armes pour sécuriser jusqu’au bout le retrait de nos hommes et de leur matériel de guerre qui — tous les observateurs s’accordent pour le reconnaître—ne sera pas achevé d’ici à la fin de l’année.
http://www.leparisien.fr/international/pourquoi-il-y-aura-encore-des-soldats-francais-en-afghanistan-apres-2012-19-05-2012-2006525.php
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