Cimetières militaires, crêtes dans le paysage, tranchées. La terre du Nord porte en elle les stigmates de la Grande Guerre. Certaines évidentes, d'autres imperceptibles, presque oubliées. Mais c'est peut-être tout ce qui reste aujourd'hui d'un conflit qui a bouleversé le monde, alors que les derniers témoins ont disparu. Dans la perspective du centenaire de 2014, douze départements français et des provinces belges de l'ancien front sont en train de monter le projet fou d'un classement des sites et paysages au patrimoine mondial de l'UNESCO.
1. Le projet
Le coup de fil est arrivé au Département du Pas-de-Calais, fin 2010, se souvient Hélène Duvergé, chargée de mission mémoire. L'idée faisait en fait son chemin depuis quelques années, notamment en Belgique. Ce sont les Départements de la Meuse et de l'Aisne qui ont pris le projet à bras-le-corps. Une association a été mise en place : « Paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre ». Sa tâche est immense : monter un dossier de candidature pour une inscription UNESCO.
2. Classer quoi ?
L'association aurait pu demander à classer les champs de bataille... Mais « c'est sûr qu'on se faisait tuer ! », lève les yeux au ciel, Marie-Madeleine Damien, professeur de géographie à Lille et coordinatrice de l'association (elle avait déjà travaillé sur le dossier des beffrois).
C'est l'idée de paysages, « croisement entre l'histoire, la géologie, la géographie », qui a été retenue. Dans la région, si les monuments de Vimy et Lorette sont « incontournables », « il y a bien d'autres lieux, méconnus et pourtant tout aussi riches dans les Weppes, le Cambrésis, etc. », souligne Marie-Madeleine Damien.
3. Classer pour quand ?
« Notre fenêtre de tir, c'est 2014 ! Hors du centenaire, point de salut !, s'exclame Serge Barcellini, secrétaire général de l'association. Je crois beaucoup à l'impact de cet anniversaire. » L'association s'est donc fixé un calendrier serré. Dans les prochains mois, un comité sera monté dans chaque département. Ils devront recenser tous les sites ou paysages qui pourraient correspondre. Après, un énorme tri sera effectué. Le dossier devra comporter entre vingt et trente exemples éloquents et cohérents. « Si tout va bien », l'association espère une inscription à l'UNESCO en 2015 ou 2016.
4. Quelles chances d'être classé ?
Obtenir une inscription à l'UNESCO, précieux sésame, c'est une vraie bataille. Il faut que le dossier soit porté par la France auprès de ses pairs de l'UNESCO. Or actuellement, il y autant de sites classés que de dossiers en attente pour l'Hexagone. Une rude concurrence. « Il faut l'Union sacrée de l'État et des territoires », souligne Joseph Zimet, du ministère de la Défense, chargé d'un rapport de préfiguration des commémorations et qui a donné son soutien au dossier UNESCO.
Parmi les atouts du projet, ses partisans, soulignent l'élan de commémoration encore très fort. Pour postuler à l'UNESCO, un dossier doit non seulement être ficelé mais aussi correspondre à un certain état d'esprit : être par exemple porté par les populations et avoir un caractère universel. Or l'idée de l'association est justement d'englober à terme tous les fronts européens (Italie, Pologne, Roumanie, Turquie). Dans les coulisses, on murmure cependant que l'un des défauts pourrait être la connotation péjorative attribuée à la guerre. D'un autre côté, « la construction de l'Europe s'est faite à partir de cet événement qui a profondément marqué le territoire. C'est là qu'on retrouve la dimension UNESCO », pointe Hélène Duvergé, du conseil général du Pas-de-Calais.
5. Classer pourquoi ?
Le premier intérêt, c'est bien sûr le tourisme. « L'UNESCO, c'est l'entrée dans la mondialisation touristique. Demain, ce sera encore plus vrai qu'aujourd'hui », estime avec emphase Serge Barcellini. Mais il s'agit aussi d'un travail de mémoire et d'une reconnaissance. « Nous fédérons des départements qui ont souffert, conclut Serge Barcellini. Et qui souffrent encore économiquement et c'est, quelque part, en liaison avec la guerre. »
http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2012/02/13/article_les-sites-de-la-grande-guerre-au-patrimo.shtml
Le coup de fil est arrivé au Département du Pas-de-Calais, fin 2010, se souvient Hélène Duvergé, chargée de mission mémoire. L'idée faisait en fait son chemin depuis quelques années, notamment en Belgique. Ce sont les Départements de la Meuse et de l'Aisne qui ont pris le projet à bras-le-corps. Une association a été mise en place : « Paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre ». Sa tâche est immense : monter un dossier de candidature pour une inscription UNESCO.
2. Classer quoi ?
L'association aurait pu demander à classer les champs de bataille... Mais « c'est sûr qu'on se faisait tuer ! », lève les yeux au ciel, Marie-Madeleine Damien, professeur de géographie à Lille et coordinatrice de l'association (elle avait déjà travaillé sur le dossier des beffrois).
C'est l'idée de paysages, « croisement entre l'histoire, la géologie, la géographie », qui a été retenue. Dans la région, si les monuments de Vimy et Lorette sont « incontournables », « il y a bien d'autres lieux, méconnus et pourtant tout aussi riches dans les Weppes, le Cambrésis, etc. », souligne Marie-Madeleine Damien.
3. Classer pour quand ?
« Notre fenêtre de tir, c'est 2014 ! Hors du centenaire, point de salut !, s'exclame Serge Barcellini, secrétaire général de l'association. Je crois beaucoup à l'impact de cet anniversaire. » L'association s'est donc fixé un calendrier serré. Dans les prochains mois, un comité sera monté dans chaque département. Ils devront recenser tous les sites ou paysages qui pourraient correspondre. Après, un énorme tri sera effectué. Le dossier devra comporter entre vingt et trente exemples éloquents et cohérents. « Si tout va bien », l'association espère une inscription à l'UNESCO en 2015 ou 2016.
4. Quelles chances d'être classé ?
Obtenir une inscription à l'UNESCO, précieux sésame, c'est une vraie bataille. Il faut que le dossier soit porté par la France auprès de ses pairs de l'UNESCO. Or actuellement, il y autant de sites classés que de dossiers en attente pour l'Hexagone. Une rude concurrence. « Il faut l'Union sacrée de l'État et des territoires », souligne Joseph Zimet, du ministère de la Défense, chargé d'un rapport de préfiguration des commémorations et qui a donné son soutien au dossier UNESCO.
Parmi les atouts du projet, ses partisans, soulignent l'élan de commémoration encore très fort. Pour postuler à l'UNESCO, un dossier doit non seulement être ficelé mais aussi correspondre à un certain état d'esprit : être par exemple porté par les populations et avoir un caractère universel. Or l'idée de l'association est justement d'englober à terme tous les fronts européens (Italie, Pologne, Roumanie, Turquie). Dans les coulisses, on murmure cependant que l'un des défauts pourrait être la connotation péjorative attribuée à la guerre. D'un autre côté, « la construction de l'Europe s'est faite à partir de cet événement qui a profondément marqué le territoire. C'est là qu'on retrouve la dimension UNESCO », pointe Hélène Duvergé, du conseil général du Pas-de-Calais.
5. Classer pourquoi ?
Le premier intérêt, c'est bien sûr le tourisme. « L'UNESCO, c'est l'entrée dans la mondialisation touristique. Demain, ce sera encore plus vrai qu'aujourd'hui », estime avec emphase Serge Barcellini. Mais il s'agit aussi d'un travail de mémoire et d'une reconnaissance. « Nous fédérons des départements qui ont souffert, conclut Serge Barcellini. Et qui souffrent encore économiquement et c'est, quelque part, en liaison avec la guerre. »
http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2012/02/13/article_les-sites-de-la-grande-guerre-au-patrimo.shtml
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