samedi 21 janvier 2012

Longuet à Kaboul après la mort de quatre soldats français

Gérard Longuet, le ministre de la Défense, est depuis samedi matin en Afghanistan, au lendemain de l'attaque contre des soldats français en Kapisa, qui a fait 4 morts et 15 blessés, dont 8 graves. L'avion du ministre s'est posé à 9h30 à l'aéroport militaire de Kaboul. Il a pu alors monter à bord d'un appareil muni d'un équipement sanitaire, stationné sur le même tarmac, et chargé du rapatriement de 12 des blessés, dont 5 graves, vers la France. "Le pronostic vital est engagé pour un certain nombre d'entre eux. Un soldat est très gravement blessé. Son pronostic vital est engagé à court terme", a observé un médecin militaire français. Le dispositif Morphée, qui vise à transporter un grand nombre de blessés dans un état grave, a été enclenché. Le ministre de la Défense a également assisté, à l'aéroport, à une cérémonie en hommage aux quatre militaires tués.
Gérard Longuet doit voir au cours de ce week-end le président afghan Hamid Karzaï ainsi que ses ministres de la Défense et de l'Intérieur, le général John Allen, commandant de l'Isaf, le bras armé de l'Otan en Afghanistan, et le général Olivier de Bavinchove, chef d'état-major de l'Isaf. En compagnie du chef d'état-major des armées françaises, l'amiral Edouard Guillaud, il a été chargé par Nicolas Sarkozy évaluer la dangerosité de la mission des soldats français en Afghanistan. A son retour, il lui fera un rapport, sur la base duquel le chef de l'Etat pourrait décider d'un retour prématuré des troupes en France, initialement prévu "au plus tard en 2014".

"Il ne fallait pas y aller"

Une hypothèse que les Etats-Unis, également engagés en Afghanistan, se refusent à envisager. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré vendredi n'avoir "aucune raison de penser" que la France allait accélérer le retrait de ses soldats d'Afghanistan, après la mort de quatre de ses militaires. Même si ce drame (une attaque menée par un soldat afghan, dont les soldats français sont chargés d'assurer la formation) est le deuxième incident du genre frappant la France en trois semaines. Six hommes ont perdu la vie dans ces circonstances, sur un total de 82 soldats morts au front, depuis le déploiement de la force internationale, fin 2001. Et ce bilan alourdi a relancé en France, à trois mois de la présidentielle, les critiques de l'opposition. Certaines voix ont demandé le désengagement immédiat de l'armée française.

"L'armée française est au côté de ses alliés, mais nous ne pouvons pas accepter qu'un seul de nos soldats soit tué ou blessé par nos alliés. C'est inacceptable, je ne l'accepterai pas", a prévenu vendredi Nicolas Sarkozy, lors d'une intervention télévisée. "Il y a la guerre, les objectifs que nous nous sommes fixés et il y a les conditions de sécurité qui, si elles ne sont pas établies clairement, nous empêchent de faire le travail", a aussi dit le chef de l'Etat. Pendant que dans l'opposition, le candidat socialiste à l'Elysée François Hollande a réaffirmé sa volonté d'un retrait "le plus rapidement possible, au plus tard à la fin de l'année 2012, en concertation avec nos alliés". "Il ne fallait pas y aller et il faut maintenant en partir le plus rapidement possible pour arrêter de multiplier les morts", a estimé Marine Le Pen, candidate du FN à l'Elysée.

La France compte actuellement 3600 soldats en Afghanistan (sur un total de quelque 130.000 hommes dans la coalition dont 90.000 Américains), et ses pertes n'ont cessé de croître ces dernières années. Avec 26 soldats tués en opération, 2011 a même été l'année la plus meurtrière pour les Français depuis le début du conflit. Mais les autres contingents de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf) essuient également de lourdes pertes, notamment les Américains qui ont encore perdu six soldats jeudi quand leur hélicoptère s'est écrasé dans un bastion taliban du sud afghan. Le retrait français a débuté en octobre 2011, avec le retour en France de 400 militaires, et devait se poursuivre avec le départ de 600 soldats supplémentaires en 2012, proportionnellement au retrait des troupes américaines annoncé en 2011. Nicolas Sarkozy évoquera la question avec Hamid Karzai, lors d'une visite que le président afghan doit effectuer le 27 janvier à Paris.
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