dimanche 14 août 2011

Il faut soutenir l'armée française Par Pierre-Olivier Eglemm (politico-addict)

. Les militaires sont souvent déconsidérés par les citoyens, qu'ils doivent pourtant protéger. Les Français devraient davantage respecter les soldats, car ils besoin d'eux.
Ils sont nombreux les outrecuidants de l’ombre à surfer sur le web, à dégainer ces brèves de comptoirs qui, bulle d’Internet oblige, s’invitent désormais hors des troquets. Entre les militaristes à outrance regrettant amèrement la suspension du service militaire, et les antimilitaristes patentés parlant le plus sérieusement du monde de choses qu’ils ne connaissent absolument pas, les plus méconnus demeurent nos soldats. "Nos" car, militaires de la République française, ils sont avant tout au service de leurs concitoyens. Et ils sont 240 996 à être dans ce cas, au service d’une population qui les déconsidèrent et, parfois même, les ringardisent.

Otages de nos décisions politiques, les militaires n’en sont pourtant pas responsables. L’article 15 de la Constitution de la Vème République précise avec la force de la brièveté que le Chef de l’Etat est le "chef des armées". Par ailleurs, la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008 introduisit le principe que toute opération militaire à l’étranger d’une durée supérieure à quatre mois devait impérativement, pour se poursuivre, recevoir l’approbation du Parlement (article 35).
Seuls les pouvoir exécutif et législatif décident de l’intervention de nos troupes, les militaires n’étant que les simples exécutants des volontés politiques, du grenadier-voltigeur sur le terrain, au Chef d’Etat-major des Armées. L’injustice serait donc de ne pas les honorer au nom d’un désaccord avec la volonté politique. Que l’on soit en accord ou non avec l’intervention en Afghanistan, nous ne pouvons ôter aux 72 militaires français qui y sont tombés, le droit inaliénable d’être morts pour la France. Ce ne sont pas des contractors : en s’engageant ils s’engagèrent pour la France, en tombant ils tombèrent pour la France.

Des soldats en souffrance

Otages des préjugés, les militaires sont en souffrance. L’armée des adjudants à la peau tannée et aux décorations aussi nombreuses que les campagnes et les blessures de guerres est dépassée : professionnelle certes, notre armée est devenue beaucoup plus sélective dans son recrutement et moderne dans son esprit. Spécialistes à part entière dans leur domaine, nos soldats reçoivent une formation n’ayant rien en commun avec une caricature de Full Metal Jacket.

Aujourd’hui le soldat a le devoir de réfléchir avant toute application d’un ordre, quel que soit son niveau dans la hiérarchie militaire, tout comme il a celui de refuser d’exécuter un ordre qu’il estimerait incompatible avec la situation sur le terrain ou ses convictions personnelles. Que l’on se le dise : une embuscade en Afghanistan demeure incomparable avec la reprise du Fort de Douaumont ; de même que la reconversion d’un militaire après 15 années de services n’est pas une retraite.
Et ce sont les militaires de rang qui sont les principaux intéressés par ces reconversions (officiers et sous-officiers étant majoritairement de carrière) qui ne leur donne pas pour autant droit à une retraite mirobolante : en moyenne, 650 euros mensuels après plus de quinze ans de services pour un caporal-chef ; retraite non-versée pendant le reste de la vie professionnelle si la reconversion débouche sur un emploi dans le secteur public. Pas de quoi s’acheter une villa sur la Côte !

Un métier difficile

Otages, enfin, de l’égoïsme de nos mentalités auxquelles semblent parfois échapper des notions comme celle de devoirs. Oui, militaire n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais un métier banal comme les autres : mourir pour la France n’est pas un accident du travail. Nous devons reconnaître à nos soldats un altruisme nécessaire pour supporter autant d’exigences d’emploi pesant sur une vie familiale toujours plus difficile à bâtir et à préserver : absences longues et répétées de 6 à 12 mois, risques élevés et mutations régulières entraînant un taux de mobilité important.

Même si, en s’engageant, un militaire est conscient des épreuves qu’il aura à affronter, il s’engage quand même, démontrant la force d’une vocation qui se retrouve à tous les grades, des plus élevés aux plus humbles. Utiles même sur le plan intérieur avec le plan Vigipirate, le plan Héphaïstos de lutte contre les feux de forêts ou lors des catastrophes naturelles qui touchent notre pays, nos militaires n’en demeurent pas moins déconsidérés par ceux qu’ils protègent : leurs concitoyens.

Et ce n’est pas parce qu’ils ne disent rien, car ils en sont juridiquement incapables, qu’ils n’en souffrent pas. Les tâches, souvent ingrates au demeurant, qui leur sont confiées, peu d’entre nous seraient capables de les réaliser. Nos militaires ne sont pas des surhommes, juste des hommes qui en font plus que les autres, et sans même le mettre en avant ou exprimer toutes revendications, ils aspirent cependant à ne pas être traiter comme des sous-hommes.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/181349;il-faut-soutenir-l-armee-francaise.html
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