Pour le général Elrick Irastorza, chef d'état-major de l'armée de terre, il faut dire la vérité aux familles des soldats tués.
La France déplore 53 morts en Afghanistan. Que dites-vous à leurs familles?
La mort d'un soldat n'est pas une mort ordinaire. Celui qui s'engage opte, par anticipation, pour les risques de ce métier, et notamment le sacrifice suprême. Je le répète aux soldats : quand on choisit ce métier, on ne choisit pas ses missions. Ce sont non pas des lansquenets, mais des citoyens auxquels le président de la République a confié une mission au nom du peuple français. Je le dis aussi aux familles, même si cela n'atténue pas leur peine. Comme tous les corps sociaux, l'armée de terre déplore de trop nombreux décès. Depuis 2001, ce sont 115 décédés et 550 blessés en moyenne par an. En 2010, 14 soldats décédés sur 147 sont tombés au combat, soit 1 sur 10.
Que fait l'armée pour soutenir les familles ?
Chez nous, l'esprit de solidarité existe depuis longtemps. Le régiment constitue le premier cercle, familial et amical. Ensuite intervient la cellule d'aide aux blessés de l'armée de terre (Cabat), quelles que soient les causes du décès. Créée en 1993, la Cabat a assuré depuis 2001 le suivi, dans la durée, de 3 000 blessés et de 236 familles de tués.
Elles ont un sentiment d'indifférence de la nation...
Nos morts ne reviennent pas en catimini. Les honneurs militaires leur sont rendus dès leur arrivée, dans les salons d'Orly ou de Roissy. C'est un moment d'émotion partagée, sans médias, entre les familles, les amis et les camarades du régiment. Là, les familles ne se trompent pas. A la hiérarchie militaire elles demandent le "comment" et non le "pourquoi". Ce questionnement sur les raisons de notre présence là-bas, elles l'adressent aux autorités politiques présentes lors de la seconde cérémonie, qui a lieu dans la garnison. Malheureusement, les témoignages de reconnaissance de la population sont très différents d'un endroit à l'autre.
Faut-il préciser les circonstances exactes de la mort des soldats ?
Oui, il faut le dire, et même l'écrire. Dans ma lettre de condoléances aux parents, que je rencontre par ailleurs, je le leur propose, s'ils le souhaitent. Ce courrier est maintenant accompagné d'une photo de l'endroit où cela s'est déroulé. C'est important, notamment pour les enfants, pour qu'ils comprennent, plus tard, comment leur père est décédé. Nous leur devons cette vérité, dans des termes acceptables pour les aider à faire leur deuil sans accroître leur souffrance.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/nos-morts-d-afghanistan-ne-reviennent-pas-en-catimini_956817.html
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