La France montre ses muscles et sa puissance. Ainsi que Nicolas Sarkozy l’avait annoncé à son bord au début de l’été, le Charles-de-Gaulle reprend la mer. Mercredi, le porte-avions, seul bâtiment de ce type à propulsion nucléaire en Europe, larguera les amarres depuis le port de Toulon. Direction : la mer Rouge, le golfe d’Aden, la mer d’Arabie, puis l’océan Indien. Ponctuée d’exercices avec différents pays (certains étant accessoirement de potentiels acheteurs d’armements), l’Arabie saoudite, les Etats-Unis, l’Inde et les Emirats arabes unis, la mission du fleuron de la Marine nationale est a priori double : contribuer à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie et, surtout, apporter un soutien aux opérations aériennes en Afghanistan.
Le monstre des mers de 42.000 tonnes reprend donc du service après une IPER – comprendre « indisponibilité périodique pour entretien et réparation » – de 465 jours, soit une révision de la cale jusqu’à ses 75 mètres de hauteur. Tout a été changé, modifié, réparé, amélioré. Qu’il s’agisse de l’opération « à cœur ouvert », qui a consisté précisément, à changer ses deux cœurs nucléaires, jusqu’au lifting final de 40 tonnes de peinture.
Un nouveau missile
Dans ses entrailles, le porte-avions (« R91 », dans le jargon de la Royale), emporte des armes redoutables : 12 avions d’assaut Super-Etendard modernisé, 10 avions de combat Rafale de dernière génération et deux appareils de surveillance Hawkeye. Tous sont chargés d’un armement dévastateur : canons, bombes guidées au laser, missiles Exocet. Quant au Rafale, au « standard F3 », il embarque dans ses flans le tout nouveau missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMP-A). Derrière ce vocable barbare se cache le dernier missile nucléaire tricolore des forces aériennes à côté duquel la bombe d’Hiroshima ferait (presque) figure de gros pétard.
Le message est donc clair, et il est également politique et diplomatique. En déployant le Charles-de-Gaulle, Paris montre sa puissance militaire et une part de sa capacité de dissuasion nucléaire (justifiant pleinement son siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU) et va défier plus durement encore les insurgés en Afghanistan et, pour faire bonne mesure, signifier clairement à l’Iran sa détermination à faire reculer le régime des mollahs et ses tentations atomiques.
Un vieux loup de mer
La mission, qui va démarrer mercredi et durera jusqu’en février 2011, est donc d’une importance cardinale. Celui qui doit la mener à bien est un homme de 46 ans, père de trois enfants, déjà vieux loup de mer. Le commandant Jean-Philippe Rolland, « pacha » du Charles-de-Gaulle depuis juillet 2009, a l’immense responsabilité de mettre en œuvre les ordres de l’état-major. Sous ses ordres, il peut compter sur un équipage de 1.950 personnes, « féminisé à 15 % » précise (pas très habilement) la Royale. Et il ne part pas seul. A 27 nœuds en moyenne, soit 40 km/heure et 1.000 km par jour, le porte-avions se déplace en effet avec son groupe aéronaval : la frégate antiaérienne Forbin, la frégate anti-sous-marine Trouville, le pétrolier-ravitailleur Meuse et le sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste. Autant dire, une vraie armada.
http://www.francesoir.fr/armee/porte-avions-nucleaire-le-charles-de-gaulle-reprend-la-mer.36175
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