Alors que tous deux – à court ou moyen terme – sont désormais sur le départ, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, et son homologue américain, Robert Gates, étaient ravis de se retrouver jeudi au Pentagone. Gates, nommé en son temps par George W. Bush et reconduit par Barack Obama, a glissé à son « ami Hervé » qu’il aurait quitté ses fonctions « avant l’été prochain ». Quant au ministre français, il est acquis qu’il ne figurera pas au casting du très proche remaniement gouvernemental. Hervé Morin va donc bientôt pouvoir, en qualité de président du Nouveau Centre, se consacrer à 100 % à sa future candidature à la présidentielle.
Les deux hommes se sont donc revus une dernière fois, pour évoquer, comme d’habitude, l’Afghanistan et la perspective du départ des troupes de la coalition, engagées dans le pays depuis neuf ans. « J’ai répété à Robert Gates que l’annonce prématurée d’un retrait américain encourage les talibans, confie à France-Soir Hervé Morin. Et j’ai parfaitement compris que l’amorce du départ de leurs troupes (NDLR : fixé à la mi-2011 par Obama) serait très, très modérée… »
En clair, alors que les Américains viennent de rapatrier d’Irak leurs troupes de combat – en laissant tout de même 50.000 hommes dans le pays –, le retrait du bourbier afghan est, lui, très lointain. Lors du déjeuner au Pentagone, « Bob » Gates l’a dit à son ami Morin : « Nous continuerons à maintenir des troupes en Afghanistan aussi longtemps que nécessaire pour accomplir la mission. »
« Le combat sera difficile »
Sur le terrain, Etats-Unis et France veulent croire à une « amélioration sensible » de la situation. C’est ce que le commandant en chef de la coalition, le général David Petraeus, a détaillé lundi dernier depuis Kaboul, lors de la visioconférence mensuelle avec Barack Obama. Dans plusieurs provinces d’Afghanistan, les Occidentaux se seraient imposés face aux insurgés sur des zones toujours plus larges, façon « tâche d’huile », pour reprendre le jargon des militaires.
L’objectif des Français est désormais d’être en capacité de transférer aux Afghans et à l’armée nationale la responsabilité de la sécurité dans le district de Surobi « courant 2011 », précise le ministre français de la Défense. C’est dans cette dangereuse province que 10 soldats français avaient été tués en août 2008 lors de combats d’une violence inouïe contre les talibans. « Nous avons pu passer le relais à Kaboul et dans la région de la capitale », insiste Hervé Morin. Pas de raison, donc, de ne pas pouvoir en faire de même en Surobi.
Pour les Américains comme pour les Français, l’un des critères déterminants avant d’envisager tout retrait est « le nombre et la qualité des soldats de l’armée nationale afghane effectivement formés » et opérationnels, a rappelé Robert Gates. Former des soldats, mais aussi des policiers, afin que les Afghans assument eux-mêmes leur sécurité et leur destin. Les soldats français, dit-on, sont experts en la matière. Paris a d’ailleurs concédé 70 nouveaux formateurs à Washington qui réclamait des renforts. Mais Robert Gates est sans illusions : « Le combat sera difficile. Nous allons encore perdre des vies humaines. »
http://www.francesoir.fr/armee-etranger/un-retrait-d-afghanistan-tout-petits-pas.24650
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