mercredi 29 septembre 2010

Afghanistan: le "nid de frelons" de Tagab, objectif des forces françaises

Les soldats français en Afghanistan la surnomment le "nid de frelons", la "green zone" ou la "jungle". C'est un repaire d'insurgés, une zone interdite mais stratégique qu'ils entendent bien reprendre un jour ou l'autre.


Au fond de la vallée de Tagab, à une soixantaine de kilomètres à l'est de Kaboul, quelques dizaines de talibans déterminés ont trouvé refuge sur les rives d'un oued, à l'abri d'une végétation qui devient luxuriante l'été, dans une bande de deux à trois kilomètres de large et dix de long. Au-delà, s'étend la plaine aride puis les contreforts ocres et minéraux de l'Hindu Kush.


"La green zone est impénétrable, on peut être pris à partie à cinq ou dix mètres de distance à peu près partout", explique le colonel Jérôme Goisque, commandant de la "Task Force Bison" constituée des quelque 800 soldats français déployés dans le district de Surobi.


Une opération lancée début septembre a tourné court. Les forces françaises qui entendaient repérer des points de franchissement sur l'oued, la rivière Tagab, ont été stoppées net en lisière de la Green Zone et ont dû rebrousser chemin après plusieurs heures de combat.


Les insurgés, explique le colonel Goisque, se servaient de la population locale comme "bouclier humain". "Et dans ce cas, on s'interdit évidemment de riposter sauf si c'est le seul moyen de sauver la vie d'un groupe de soldats", souligne l'officier.


"Il n'est pas rare de voir des gamins transporter des munitions et des roquettes ou apparaître dans l'encadrement d'une fenêtre juste après qu'un insurgé a fait feu sur nous depuis la même fenêtre", explique le patron du 126e régiment d'infanterie de Brive-la-Gaillarde (centre de la France).


La Green Zone est un verrou sur l'axe Vermont, la route nord-sud qui emprunte la vallée de Tagab. S'il était sécurisé, cet axe stratégique pourrait devenir une nouvelle voie d'approvisionnement logistique pour la coalition, entre Islamabad, au Pakistan, et Kaboul.


Il permettrait aussi aux forces françaises de rétablir la liaison entre leurs deux zones de responsabilité, la Surobi, au sud de la vallée de Tagab, et la province de Kapisa, au nord. La plupart des 3.750 soldats français présents en Afghanistan y sont stationnés.


Depuis un an, plusieurs postes de combat ont été construits tout au long de la vallée de Tagab, prenant les insurgés en étau. Deux soldats français l'ont payé de leur vie. Mais le plus difficile reste à faire: pénétrer dans le "nid de frelons" et y prendre racine.


Sur le poste de combat avancé Hutnik - du nom d'un légionnaire tombé en avril - le capitaine Sébastien observe l'endroit aux jumelles. Le poste, ultime bastion des forces de l'Otan au sud de la zone, a été construit à l'hiver dernier à la faveur d'une accalmie.


"Mais depuis trois mois, la tension est remontée dans la zone avec le retour de l'été, la végétation plus dense et les insurgés revenus de l'étranger", déplore le capitaine Sébastien (l'armée française requiert l'anonymat, invoquant des questions de sécurité, ndlr).


Qui sont-ils? "Des locaux qui cherchent surtout à arrondir leurs fins de mois, des Pakistanais ou des Afghans passés par les écoles coraniques du Pakistan".


"En réalité, tous les fondamentalistes musulmans peuvent se retrouver ici, kosovars, arabes, tchétchènes", ajoute-t-il.


"C'était déjà comme ça avec les Russes, on n'a rien inventé", observe, philosophe, le jeune officier.
http://www.lepoint.fr/societe/afghanistan-le-nid-de-frelons-de-tagab-objectif-des-forces-francaises-28-09-2010-1242107_23.php
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